Avatars de la mère : Genres, diaspora, migration et créolisation dans deux romans mauriciens, Salogi’s de B. Pyamootoo et Le Sari vert d’A. Devi
Résumé
Les migrations sont indissociablement liées à une refonte des catégories et parmi elles, des genres, dont les représentations et la performativité varient largement sous l’effet des déplacements géographiques et culturels. C’est particulièrement le cas lorsque les populations ont connu, comme à l’île Maurice, des migrations forcées : esclavage, engagisme plus ou moins volontaire, conditions
économiques déplorables. Ces situations complexes de diasporas, d’exils, de migrations ont conduit au mécanisme de la créolisation, caractéristique des aires créoles mais aussi paradigme surexploité des études postcoloniales et culturelles célébrant l’hybridité postmoderne. Déracinements et négociations culturelles contraintes, soumis à la mainmise du système colonial français puis britannique jusqu’en 1968, ont produit de profondes mutations dans la perception et la construction du rôle, de la répartition des genres, ainsi que dans les identifications des individus à ces genres. Qui plus est, ces catégories étaient déjà elles-mêmes tributaires de la multiplicité des contextes socioculturels qui les avaient vu naître et évoluer : elles ne peuvent se concevoir a posteriori comme des ensembles fixes et stables que la migration aurait bouleversés. Les ajustements sont permanents et les déplacements complexifient, amplifient, ralentissent ou accélèrent ce qui, en soi, était déjà un équilibre instable en constant réajustement.
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