Présentation du parcours biographique et scientifique en vue de l’obtention de l’Habilitation à Diriger des Recherches (HDR) en Sciences de l’information et de la communication (Volume 1) & Histoires de vie et études sur le journalisme - Approche sociobiographique (Volume 2)
Abstract
Une histoire de vie résulte généralement d’un entretien narratif entre une personne – un acteur – et un chercheur. Celui-ci lui demande de se souvenir, de raconter l’ensemble ou des séquences particulières de sa vie. En sciences humaines et sociales, une longue tradition de récolte d’histoires de vies existe, avec une palette étoffée d’outils méthodologiques. Ce domaine de connaissance apparaît ainsi académiquement parfaitement balisé. En introduction des actes d’un colloque intitulé « Histoire de vie et dynamique langagière », la revue Histoire de vie évoque ce qui serait les trois fonctions complémentaires de cette méthode de recherche : la fonction « exploratoire », pour aborder un terrain, lafonction « explicative ou analytique » débutant dès les premiers entretiens, puis la fonction « expressive ». « Un corps d’hypothèses explicatives », basées sur « la réalité concrète » en découlerait et permettrait de « parvenir à une explication plausible de la réalité sociale » (Aït Abdelmalek, 2001 : 12). Nous serons pour notre part moins optimiste : il nous semble eneffet que les termes « explication » et « réalité sociale » ne sont que ce que Michel Foucault (1969 : 31) appelle des « unités de discours », des notions dont il faut s’affranchir, parce qu’elles reposent elles-mêmes sur des représentations de la connaissance. Les histoires de vie peuvent s’insérer dans le processus de production du savoir, mais sans doute guère d’une manière absolue. De même qu’il n’existe pas, nous semble-t-il, d’unicité de ce qui serait le réel du social. Mais alors, qu’apporterait cet exercice si « trivial », pour utiliser un qualificatif cher à Yves Jeanneret (2008), qui consiste à prétendre saisir le sens d’une vie, après avoir écouté, enregistré et transcrit les propos d’un biographé ? Et comment, et au nom de quoi, justifier et légitimer une telle intrusion dans l’intimité d’une personne ? L’un des éléments de réponse est que cet individu sera appréhendé comme appartenant à un groupe qui évolue au sein d’une sociohistoire (au sens eliasien du terme ) ; de même qu’il joue également un rôle d’actant au sein de l’espace public (en l’occurrence médiatique) dans lequel il se situe. Nous situons ainsi l’exercice biographique – la récole d’histoires de vie – au sein des sciences de l’information et de la communication, avec une visée (encore une fois prudente) de compréhension du social, à partir de l’expérience individuelle. C’est ce qui le distingue par conséquent du travail effectué par la psychologie sociale, ou la psychanalyse, lorsque ces dernières s’intéressent aux individus, avec le dessein thérapeutique de les aider dans leurquête de sens identitaire, de lien ou encore de reconnaissance par autrui (Laviolette, 2013). Ce faisant, nous verrons comment les trajectoires personnelles et familiales peuvent s’articuler avec les structures. Convoquant Raymond Boudon (1990) et Norbert Elias (1991), il s’agira de prendre en compte tout autant les variables microsociologiques (actions individuelles, préférences) et macrosociologiques (phénomènes et contextes sociaux), ainsi que les configurations qui guident les acteurs. C’est pour cette raison que nous appellerons « sociobiographies » les histoires de vies liées aux études sur le journalisme dans la démarcheque nous présentons.
Fichier principal
14_HDR_Idelson_Vol1.pdf (17.03 Mo)
Télécharger le fichier
14_HDR_Idelson_Vol2.pdf (9.5 Mo)
Télécharger le fichier
Loading...