A propos de la construction sociale de désordres liés à la culture : l'exemple du sévé mayé chez l'enfant réunionnais
Abstract
Mental suffering is universal. It is expressed through behaviors. To be recognized, appointed and supported by a therapeutic device, it needs to be expressed in a cultural code. To be healed, mental disorders are socially and culturally constructed (Aranowitz, 1998). At Reunion Is., some disorders (Poulnwar, sévé mayé, sésizman, marlé, aranzman, etc.) that Devereux (1970) calls "ethnic”, are culture related, they are really specific products of history and culture. These disorders, ordinary interpreted as consequences of human transgressions or magic are generally healed by traditional healers in the appropriate therapeutic devices. Named in the common language, recognized as symptoms of psychic suffering, they become objects of knowledge. Interpretation and care are based on a cultural heritage. Often they resist to western medicine. Through the example of the sévé mayé ritual, we advance the idea that culture related syndromes are resisting to modernity because they are essential to the Reunionese identity construction.
La souffrance psychique est universelle. Elle s’exprime à travers des conduites. Pour pouvoir être reconnue, nommée et prise en charge par un dispositif thérapeutique, elle a besoin d’être exprimée dans un code culturel. Pour exister socialement, la maladie fait l’objet d’une construction sociale et culturelle (Aranowitz, 1998) par des dispositifs de soin qui, en retour, produisent des cas qui à leur tour modifient les dispositifs thérapeutiques. Il se trouve qu’à La Réunion un certain nombre de désordres, que Devereux (1970) appelle ethniques, liés à la culture, sont spécifiques : produits de l’histoire, ils ont fait l’objet d’une construction sociale réunionnaise. Ces désordres, interprétés comme des conséquences de l’inobservance du rite poulnwar, d’une naissance avec un marlé, d’une frayeur intense non traitée (sézisman), etc. sont autant de désordres qui ont fait l’objet d’une nomination, d’une théorisation par les dispositifs thérapeutiques appropriés. Nommés dans la langue commune, reconnus comme symptômes de souffrance psychique, devenus objets de savoir, ils ne semblent accessibles, pour un certain nombre, qu’à un soin rituel réunionnais. L’interprétation et le soin se fondent sur un patrimoine culturel. A travers l’exemple du sévé mayé, nous avançons l’idée que si les progrès, reconnus, de la médecine n’ont pas été en mesure de faire disparaître les syndromes liés à la culture, c’est que ces derniers sont essentiels à la construction identitaire.
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