« L’esprit des Lumières ». Raison universelle, progrès des savoirs et liberté de conscience - Université de La Réunion Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2012

« L’esprit des Lumières ». Raison universelle, progrès des savoirs et liberté de conscience

Résumé

Présentation : Il s'agit d'approcher au plus près ce qu'on appelle « l'esprit des Lumières », entendu comme progrès de la connaissance et des moeurs par l'usage libre de la raison individuelle, à la fois contre l' « illuminisme » (cf. Kant) et contre le « dogmatisme » (cf. Condorcet). « Le sommeil de la raison engendre des monstres » (Goya). On examinera en priorité les trois domaines où le XVIII e siècle va exercer avec force cette liberté de penser : le domaine politique avec Montesquieu et Rousseau, le domaine des moeurs avec Voltaire et Laclos et le domaine religieux avec Diderot. L'origine des Lumières est cependant à rechercher un siècle plus tôt, comme le devinait Voltaire, durant celui de Louis XIV, à travers les trois mouvements d'idées qui marquent l'émancipation de la raison universelle et de la personne libre : le courant libertin (Cyrano de Bergerac), le libre examen « réformé » (Comenius) et le doute radical (Descartes). Mais ce n'est qu'avec ce que l'on appelle le « Siècle des Lumières » que l'on passera à l'idée d'un progrès possible de « l'esprit humain » (Condorcet). Dès l'ouverture du second tome de la Démocratie en Amérique, Tocqueville montre comment on est passé imperceptiblement de la promotion de l'humain durant la Renaissance au refus radical des références qu'inspirent les doctrines totalisantes politiques ou religieuses. Pour l'homme des Lumières l'argument d'autorité ne convainc plus. Il faut lui substituer l'autorité d'une argumentation rationnelle qui emporte la conviction. « Considérons, écrit Tocqueville, l'enchaînement du temps. Au 16 e siècle, les Réformateurs soumettent à la raison individuelle quelques-uns des dogmes de l'ancienne foi. Mais ils continuent à lui soustraire la discussion de tous les autres. Au 17 e siècle, Bacon, dans les sciences naturelles et Descartes, dans la philosophie proprement dite, abolissent les formules reçues, détruisent l'empire des traditions et renversent l'autorité du maître ? Les philosophes du 18 e siècle généralisent enfin le même principe, entreprennent de soumettre à l'examen individuel de chaque homme l'objet de toutes les croyances. Qui ne voit que Luther, Descartes et Voltaire se sont servis de la même méthode et qu'ils ne diffèrent que dans le plus ou le moins grand usage qu'ils ont prétendu qu'on en fit. » 2 Voulant qualifier en quelques mots le XVIII e siècle, Ernst Cassirer, le présente à son tour comme celui « qui a vu et glorifié dans la raison et la science la suprême puissance de l'homme. » 3 L'esprit général des Lumières Avec les « Lumières », la finitude humaine qu'avait souligné la recherche humaniste commençante n'est plus seulement un point de départ, elle devient désormais un point d'arrivée. L'absolu plie devant le relatif dans tous les domaines de la connaissance et de l'action. L'homme devient objet de science au travers des manifestations diverses de son existence. L'auteur de la connaissance pose comme objet de sa recherche son propre être. Les sciences de l'homme le sont à un double sens : en tant qu'elle sont faites par des hommes et ont de ce fait besoin de se voir garanties ; en tant qu'elles portent sur les hommes eux-mêmes.

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Citer

Bernard Jolibert. « L’esprit des Lumières ». Raison universelle, progrès des savoirs et liberté de conscience. La pensée occidentale: réflexion historique et critique, Ellipses, pp.1-11, 2012, 978-2-7298-7599-2. ⟨hal-02486468⟩
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