Neutralisation et engagement dans des controverses publiques.
Résumé
Nous proposons dans ce chapitre une réflexion sur l’heuristique ouverte par le dépassement du modèle de neutralité des sciences en société. La mise en perspective de trois études d’anthropologie de la connaissance et de la communication nous permet d’interroger la responsabilité sociale de chercheurs en situation de controverse et construisant collectivement une expertise publicisée. La première enquête nous permet d’exposer une construction/communication d’expertise d’académies des sciences à propos de l’affaire Séralini dont le modèle sous-jacent repose sur la neutralité axiologique, qui, selon leurs auteurs, confère une autorité certaine à l’expertise. La deuxième enquête concerne une auto-saisie en 2010 d’un laboratoire de géosciences du sud de la France expertisant les conséquences de l’exploitation des gaz de schistes. Conscients, pour la majorité des chercheurs impliqués, de l’existence de potentiels conflits d’intérêts et de l’impossible neutralité individuelle, l’équipe a collectivement procédé à l’effacement des points de vue singuliers, sans publiciser le parti pris méthodologique de neutralisation de leurs opinions hétérogènes. La troisième enquête concerne une proposition de réforme du droit de la famille promue par des chercheurs en sciences humaines et sociales, commanditée en 2013 par le gouvernement français. L’horizon politique est assumé par les experts qui publicisent explicitement une expertise engagée. Dans ce dernier cas, l’expertise s’est affranchie d’une instrumentalisation politique et, en assumant un point de vue engagé et argumenté, contribue selon nous à enrichir le débat public, sans pour autant échapper à une pointe d’autoritarisme.
Fichier principal
Et-si-la-recherche-scientifique-ne-pouvait-pas-être-neutre-1576353069.Birgé Molinatti-pages-1-2,275-293.pdf (757.58 Ko)
Télécharger le fichier
Origine | Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte |
---|
Loading...