Intervenir en contextes sensibles : du fragile équilibre entre implication et distanciation
Résumé
La sociolinguistique scolaire constitue vraisemblablement l'un des domaines où l'analyse (joue avec et...) se joue le plus volontiers des frontières (mobiles) entre contexte(s) et pratique(s), caractères génériques/caractères spécifiques, regard surplombant et expertise interne, variations et invariants. Dès lors que l'on passe le pas de la description à l'analyse, puis celui de l'analyse à l'intervention, ces questions se font plus vives encore, et ces frontières plus ténues et plus délicates à identifier. Enfin, si l'on pousse l'intervention du côté de la scène pédagogique, le passage de la sociolinguistique à la didactique des langues et le trait d'union que maintiennent ces deux corps de connaissances constitués n'échappent pas, loin s'en faut, à ces mouvements. L'approche du chercheur consiste alors à naviguer entre des postures relevant de registres différents (scientifique, social, pédagogique, individuel) pour appréhender ses objets. L’objectif central de la communication est de pointer ce que la spécificité de nos contextes entraîne sur l’exercice de notre métier. Chercheurs dans et sur des «contextes sensibles» (Prudent, Tupin, Wharton, 2005), nous nous proposons d’interroger ces contextes sous deux versants : celui des différents cercles qui les composent et dans lesquels s'insèrent les pratiques1 (micro-contextes situationnels et périphériques, contexte médian et macro-contextes, au sein desquels on compte les politiques linguistiques), et celui de l'emprise que ces contextes exercent sur l'activité du chercheur. C’est ainsi que nous aurons à mobiliser des notions et concepts classiques de la sociolinguistique, comme la diglossie, le conflit linguistique, ou la linguistique native, par exemple. Nous camperons notre exposé à La Réunion et à Mayotte, terrains sur lesquels nous travaillons, pour illustrer l'acuité particulière que nécessite la recherche en contextes sensibles.