Le Ménéxène, l’oraison funèbre et le discours identitaire
Abstract
Bien qu’ayant fait l’objet de nombreuses discussions philologiques, le Ménéxène (c. 385) est un dialogue platonicien relativement peu étudié — si l’on excepte les exercices de traduction scolaire — dans le circuit universitaire : la partie dialoguée y est réduite et son contenu, la relation par Socrate d’un discours en l’honneur des soldats morts au combat, supposé prononcé par Aspasie, peut apparaître marginal. Le Ménéxène n’est pas un passage obligé pour entrer dans la philosophie de
Platon. Au point qu’on a pu lire ce texte au premier degré et le donner comme un modèle du panégyrique. Un exercice de piété patriotique auquel Platon se serait livré, en quelque sorte. Un à côté. D’après Cicéron, d’ailleurs, on récitait chaque année à Athènes la partie centrale du Ménéxène, l’oraison funèbre proprement dite (Orator, XLIV, 151). À la fin du XIXe siècle un philologue allemand, Th. Berndt (Vemerkungen Zu Platon’s Menexenos, Herford 1888 ; voir en français : R. Clavaud, Le
« Ménexène » de Platon et la rhétorique de son temps, Paris, 1980), renverse cette perspective en montrant, par une minutieuse étude stylistique, que le Ménéxène est un pastiche et qu’il contient en réalité une leçon de philosophie et de citoyenneté : cette caricature de l’éloquence publique a la recherche de la vérité et spécifiquement de la vérité historique pour guide.
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