Les enseignants débutants œuvrant dans les académies de La Réunion et de Mayotte : des représentations professionnelles en marge de celles des enseignants des académies de l’Hexagone ?
Résumé
La communication porte sur l’entrée dans le métier des enseignants du primaire et du secondaire. Durant les trois premières années de titularisation, les enseignants construisent et maîtrisent des savoirs et des compétences professionnelles au fur et à mesure des situations d’enseignement/apprentissage rencontrées (Lefeuvre et al., 2009). Leur développement professionnel dépend des mécanismes d’adaptation choisis et par conséquent de leur personnalité (Nault, 1999), de leur profil (âge, parcours universitaire, expérience professionnelle, etc.) ou encore des « contextes d’insertion professionnelle » (Lanéelle et Perez-Roux, 2014). Quant aux représentations professionnelles, elles n’ont de sens que par rapport à un contexte (Blin, 1997). L’expérience d’enseignement vient perturber des représentations profondément « ancrées » et renvoie à « l’épreuve du réel et [du] rapport à la complexité du métier » (Perez-Roux et Lanéelle, 2018). Elles ont donc, de fait, un impact sur leurs pratiques.
Les académies de La Réunion et de Mayotte, ayant des contextes historiques, géographiques, socio-économiques particuliers, nous postulons que les enseignants de ces territoires les connaissent et prennent en considération un certain nombre d’éléments de contexte quelques éléments de contexte : les milieux socioculturels des élèves (36% de la population de La Réunion et 77% de Mayotte vivent en dessous du seuil de pauvreté), la situation de multilinguisme, le développement tardif de l’École à La Réunion, en cours à Mayotte ou encore l’insuffisante démocratisation scolaire. Nous proposons donc une comparaison (étude contrastive) des représentations des enseignants œuvrant dans ces académies avec celles des enseignants œuvrant dans l’Hexagone. Les préoccupations des enseignants sur ces territoires sont-elles identiques à celles de leurs collègues de l’Hexagone ? Les difficultés rencontrées sont-elles du même ordre ? Leur rapport au métier est-il distinct ?
Sur le plan méthodologique, le recueil de données s’appuie sur un questionnaire diffusé à l’échelle nationale, via SphinxOnline, entre février et mars 2022. Ce questionnaire est composé de 35 questions portant sur les données sociodémographiques des enseignants débutants, sur leur profil et sur les conditions de leur entrée dans le métier. Vingt autres questions interrogent leur insertion dans le collectif et leurs représentations sur le métier. Le questionnaire est composé 6 questions fermées, 1 question à échelle de satisfaction (4 modalités), 4 questions ouvertes et 43 questions à choix multiple ordonné (QCMO composées de 8 à 21 modalités). Pour cette communication, seule une partie des réponses est analysée à partir de tris à plat et de tris croisés à partir de deux variables (Niveaux d’enseignement et Académies : La Réunion (n=68) / Mayotte (n=16) / Académies de l’Hexagone (n=412)). Les questions ouvertes ont fait l’objet d’une analyse thématique au sein du corpus. Au regard du nombre de répondants à La Réunion et à Mayotte, l’étude se veut exploratoire, l’objectif étant de dégager des pistes de réflexion et/ou de mettre en exergue des points de vigilance.
Si les contextes (La Réunion – Mayotte – Hexagone) sont différents, nous ne relevons pas de différences significatives au sein des représentations des enseignants. Seule une partie des discours des enseignants de La Réunion et Mayotte - reliée à des éléments de contexte - diffère de celui des enseignants œuvrant sur le territoire hexagonal. Est-ce à dire que les enseignants débutants de La Réunion ou de Mayotte ne se sentent pas en marge du contexte national ?