« 1959 : début des actions de formation menées en métropole à destination des « femmes musulmanes » originaires d’Algérie. Caractéristiques et enjeux des cours dits « féminins » dans la politique d’intégration conduite vis-à-vis des Français Musulmans d’Algérie (FMA) installés en France métropolitaine. »
Abstract
Cette communication fait suite à celle proposée le 15 mai 2024 auprès du Groupe de travail « Apprentissages formels, non-formels et informels des migrants » à l’Institut Convergences Migrations, dans laquelle nous rendions compte d’une recherche sur l’histoire de l’alphabétisation menée dans le cadre de notre HDR. L’exploitation d’un corpus archivistique inédit (Archives nationales), composé notamment de correspondances et de notes ministérielles, de rapports administratifs et pédagogiques, nous a permis de retracer l’histoire du dispositif de formation linguistique proposé aux travailleurs nord-africains à partir de 1945 par le “Service universitaire des relations avec l’étranger et l’Outre-mer” (SUREOM). Jusqu’à la fin des années 1950, cette « pré-histoire » de l’alpha, que nous avions rappelée dans les grandes lignes, impliquait quasi-exclusivement des hommes, essentiellement algériens, venus seuls en métropole vendre leur force de travail à l’industrie française. L’arrivée progressive de femmes et d’enfants, venus rejoindre le mari/père dans le cadre de ce qu’on commençait à appeler le « regroupement familial », incite les autorités à étendre, à compter de 1959, le dispositif de formation aux épouses des travailleurs algériens, sous une forme non mixte. C’est à ce public féminin que nous allons nous intéresser dans cette intervention en analysant notamment la singularité des cours donnés aux femmes dites « musulmanes » (organisation, contenus, objectifs, idéologie) par rapport à ceux donnés aux hommes et la nature des supports d’apprentissage qui leur étaient destinés.