En quoi les Aires Marines Éducatives (AME) permettent-elles de faire des sciences à l'école ?
Résumé
Nées en 2012 aux Îles Marquises en Polynésie française, les Aires Marines Educatives (AME) représentent un dispositif qui vise la gestion participative d’une zone marine littorale par des élèves d’écoles primaires de cycle 3 (CM1, CM2). Ce furent les élèves de l’école primaire de Vaitahu (Île de Tahuata aux Îles Marquises) qui initièrent la première AME, en manifestant leur désir d’être responsables d’une aire marine située à proximité de leur établissement scolaire, après avoir échangé avec des scientifiques de la campagne océanographique Pakaihi i te moana. A noter que trois en plus tard, lors de la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques (COP 21), un partenariat a été signé entre Ségolène Royal, qui était alors Ministre en charge de l’environnement et Edouard Fritch, le Président du gouvernement de la Polynésie française qui a permis un développement national des AME avec huit écoles pilotes en 2016 en France métropolitaine et en Outre-mer. Actuellement, à distance de cinq ans, on compte plus de 200 projets d’AME dont la moitié ont été déjà labélisés.
Dans ce dispositif, les acteurs principaux sont des enfants qui participent activement à des projets pédagogiques mis en place localement par les enseignants en lien avec les programmes nationaux dans le but de les éduquer à l’environnement marin (Sauvé 2008) et de les rendre responsables de leurs futures actions de préservation de la nature. Un élément essentiel de cette démarche est la rencontre entre ces enfants, leur enseignant et des professionnels de la mer, des scientifiques spécialistes des questions liées à la préservation du littoral et les élus où sont implantées les AME ; l’objectif de cette rencontre étant d’assurer la transmission de savoirs, de connaissances, de savoir-faire et de savoir-être aux enseignants qui participent à ces projets et aux prochaines générations que sont les élèves et que l’on peut qualifier dans ce projet d’éco-citoyens (Martinez et Poydenot, 2009) en herbe.
Dans le contexte d’un transfert et d’une diffusion rapide de ce dispositif original d’Aires Marines Educatives en France métropolitaine et en Outre-mer, à partir notamment des premières études exploratoires de terrain réalisées grâce au financement de la Fondation de France en 2020 à Mayotte et à l’île de La Réunion, cette communication présente les premiers résultats de recherche qui portent sur l’implication active des élèves dans la gestion d’une aire marine éducative et leurs représentations du milieu marin (Chabanet et al., 2018) avec un focus sur l’AME de Saint-Leu située sur l’île de La Réunion. La méthodologie de recherche a consisté à réaliser et à analyser d’une part des entretiens semi-directifs auprès des élèves impliqués dans ce nouveau dispositif à l’Ile de la Réunion et d’autre part de rendre compte de ce dispositif à partir d’une observation participante des auteurs de cette communication et d’une analyse des médias qui rendaient compte de cette expérience.
Avec cette communication, nous essayerons de répondre aux questions suivantes, sachant que les séances de Sciences ne sont pas les plus pratiquées par les enseignants du primaire (Baillat et Philippot, 2018), du fait de leur faible maîtrise de la matrice disciplinaire des disciplines scientifiques (Develay, 1995) : En quoi le dispositif Aires Marines Educatives permet-il de faire des Sciences à l’école ? S’agit-il d’un dispositif d’enseignement des Sciences complémentaire, d’accompagnement ou substitutif pour les enseignants en poste ?