En septembre 1631, la bataille de Breitenfeld, à quelques kilomètres au nord de Leipzig, voyait la victoire d’une puissante alliance entre princes protestants. Sous l’égide de Gustave Adolphe, le camp évangélique était rassuré. Quelques mois après le traumatisant sac de Magdebourg, les évangéliques pouvaient désormais se prévaloir du soutien de l’Électeur de Saxe et d’une opinion publique choquée par la cruauté des troupes impériales. À l’époque, la ville de Leipzig, bien qu’assiégée elle aussi, n’eut pas à subir les assauts militaires alors que le général Tilly, chef redouté des armées de la Ligue catholique nommé depuis peu à la tête des troupes impériales, était déjà aux portes de la ville. Les contemporains s’interrogeaient sur les raisons de cette mansuétude. Certains y voyait le résultat des négociations du conseil municipal avec l’envoyé de Tilly, Egon VIII de Fürstenberg. Pour d’autres, en revanche, Tilly avait changé d’avis au cours d’un bref séjour dans la maison du fossoyeur de Leipzig, sans que l’on connaisse les raisons de ce revirement. Ainsi naquit la légende du fossoyeur de Leipzig. Dans la maison de ce dernier, Tilly aurait appris sa mort prochaine, ce qui l’aurait dissuadé de réitérer le massacre perpétré quelques mois plus tôt dans la ville de Magdebourg. À partir d’un imprimé revenant sur cette rencontre, le présent article propose une analyse des évolutions culturelles qui accompagnent les événements militaires.