L’adaptation de l’enseignement de l’histoire-géographie à l’école primaire à La Réunion au cours de la Troisième République : entre reconnaissance identitaire et acculturation nationale
Abstract
An analysis of the official texts and teaching aids used in primary schools in Réunion during the Third Republic reveals an evolution in the process of national acculturation, in which the small homeland played an increasingly prominent role. Valued from the mid-nineteenth century onwards as a microcosm of the national, Réunionese identity was reconsidered in the curricula and their adaptation to the colonial environment. The redefinition of the links between the larger and smaller homelands, between the universal and the particular, thus became a claim that was fully accepted and implemented in the history and geography syllabuses. Politicians and educationalists agree that local roots cannot be sacrificed on the pretext of the need for national integration. From now on, the claim is that republican culture must be more attentive to individual singularities. In other words, the « colonial republic » is being called into question, in the sense that local cultural specificities are no longer seen as part of an axiological hierarchy that defines the teaching of the history and geography of Réunion solely in terms of the metropolitan prism.
L’analyse des textes officiels et des supports pédagogiques de l’école primaire à La Réunion sous la Troisième République laisse entrevoir une évolution du processus d’acculturation nationale dans lequel la petite patrie prend une part de plus en plus prépondérante. Valorisée dès le milieu du xix e siècle en qualité de microcosme du national, l’identité réunionnaise est ainsi reconsidérée dans les curricula et leur adaptation au milieu colonial. La redéfinition des liens entre la grande et la petite patrie, entre l’universel et le particulier, devient ainsi une revendication pleinement assumée et mise en œuvre dans les programmes d’enseignement de l’histoire et de la géographie. Les politiques et les pédagogues s’entendent pour affirmer que l’enracinement local ne peut être sacrifié sous prétexte d’une nécessaire intégration nationale. Désormais, la posture revendicative est que la culture républicaine doit être plus attentive aux singularités individuelles. Il s’agit donc d’une remise en cause de la « république coloniale » dans le sens où les spécificités culturelles locales ne sont plus perçues dans une hiérarchie d’ordre axiologique définissant uniquement l’enseignement de l’histoire et de la géographie de La Réunion par rapport au prisme métropolitain.