La Gastronomie de Berchoux : une naissance critique - Université de La Réunion
Article Dans Une Revue TrOPICS Année : 2023

La Gastronomie de Berchoux : une naissance critique

Guilhem Armand

Résumé

When, in 1801, Joseph Berchoux published his pastiche poem La Gastronomie ou l'homme des champs à table, a tribute to Delille, he was unaware of the fortune that his neologism would bring, and which would consecrate more than a century of discourse on this art and science. For it was not only in the kitchens and around the great tables that French gastronomy was born, but also in the ever-increasing number of texts, and in the literary polemics that peppered the century of Louis XIV and above all that of the Enlightenment. Attempts at definition, attempts at classification (as a craft, an art and a science all at once, it necessarily preoccupied the encyclopedists), debates on its foundations (innovation, tradition, authenticity…) all this created gastronomy - which, without any chauvinism whatsoever, could only have been born in the France of the Enlightenment - i.e. knowledge, know-how, but also a discourse, indeed an incessant dialogue. Berchoux's long poem is in the neo-classical style, but with a lighter tone. In his verses, there's both a desire to freeze tradition and a temptation to innovate, a touch of provocation on a bed of reassuring alexandrines. So my hypothesis is that, if his neologism has survived to designate this field that we still struggle to define today, it's because his poem not only sings of the flavors of the culinary arts, but also makes us taste the pleasure of talking about them, following a poetics nourished by the discourses of the previous century.
Lorsqu’en 1801 Joseph Berchoux publie son poème pastiche en hommage à Delille, La Gastronomie ou l’homme des champs à table, il ignore encore la fortune qu’aura son néologisme qui vient consacrer plus d’un siècle de discours sur cet art et cette science. Car ce n’est pas seulement dans les cuisines et autour des grandes tables que naît la gastronomie française, mais bien dans les textes toujours plus nombreux, et dans les polémiques de lettrés qui émaillent le siècle de Louis XIV et surtout celui des Lumières. Les tentatives de définition, les essais de classification (métier, art et science tout à la fois, elle préoccupe nécessairement les encyclopédistes), les débats sur ce qui la fonde (l’innovation, la tradition, l’authenticité…), tout cela a créé la gastronomie - qui, sans chauvinisme aucun, ne pouvait naître que dans la France des Lumières -, c’est-à-dire un savoir, un savoir-faire, mais aussi un discours, voire un incessant dialogue. Le long poème de Berchoux ressortit au style néo-classique, mais en jouant sur une tonalité plus légère. Il y a dans ses vers aussi bien un désir de figer une tradition qu’une tentation de l’innovation, une pointe de provocation sur un lit d’alexandrins rassurants. Aussi mon hypothèse est-elle que si son néologisme est demeuré pour désigner ce domaine que l’on peine encore aujourd’hui à définir, c’est bien parce que son poème non seulement chante les saveurs des arts culinaires, mais aussi qu’il fait goûter le plaisir qu’il y a à en parler, suivant une poétique nourrie des discours du siècle précédent.
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Dates et versions

hal-04197964 , version 1 (06-09-2023)

Licence

Identifiants

  • HAL Id : hal-04197964 , version 1

Citer

Guilhem Armand. La Gastronomie de Berchoux : une naissance critique. TrOPICS, 2023, TrOPICS, Littérature des saveurs, saveurs de la littérature (13). ⟨hal-04197964⟩
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