Les « enfants de la Creuse ». Pour une analyse critique de la justice transitionnelle - Université de La Réunion
Article Dans Une Revue Civitas Europa Année : 2021

Les « enfants de la Creuse ». Pour une analyse critique de la justice transitionnelle

Laurent Sermet
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 971510

Résumé

Can investigating the resettlement of minors of Reunionese origin be seen as an exercise in transitional justice ? The answer to this question can only raise doubts and reservations for a number of reasons. These are primarily related to the scope of individual and collective trauma compared to the low level of popular appropriation of this societal issue on Reunion Island, the limited questioning of this issue for the operationality and reproduction of Reunion society, and the lack of debate within Reunion society and within the University of Reunion Island… The French state is not comfortable with transitional justice. It does not correspond with its history, nor its future trajectory. Our article aims to demonstrate that the temporary committee for information and historical research on the displacement of Reunionese children to Metropolitan France between 1963 and 1982 does not meet the requirements of transitional justice. This was not its purpose ; this could not become its objective unless it failed to respect its historical mission. A phase of justice should be opened to question the existence or not of a legal responsibility of the state, in the form of a second, final and definitive commission. The general principles of transitional justice must be mobilised. This phase is lacking for victims and hinders collective and often individual resilience. These general principles would make it possible to reach a truth in order to build resilience which is not, as it stands, built on sufficiently solid collective foundations.
L’instruction de la transplantation des mineurs d’origine réunionnaise peut-elle s’apparenter à un exercice justice transitionnelle ? La réponse à cette question ne peut qu’engendrer doutes et réserves pour de nombreuses raisons liées notamment à l’ampleur du traumatisme individuel et collectif comparée à la faible appropriation populaire de cet enjeu sociétal à La Réunion, à la mise en cause limitée de cette question pour l’opérationnalité et la reproduction de la société réunionnaise, à l’absence de débat au sein de celle-ci, au sein de l’université de La Réunion… L’État français n’est pas à l’aise avec la justice transitionnelle. Elle ne répond pas à son histoire, ni à son tropisme. Notre démonstration visera à établir que la commission temporaire d’information et de recherche historique sur le déplacement d’enfants réunionnais vers la France hexagonale entre 1963 et 1982 ne répond pas aux exigences de la justice transitionnelle. Ce n’était pas son objet ; cela ne pouvait pas devenir son objectif sauf à ne pas respecter sa mission d’ordre historique. Une phase de justice devrait pouvoir s’ouvrir pour questionner l’existence ou non d’une responsabilité juridique de l’État, sous la forme d’une seconde commission, finale et définitive. Les principes généraux de la justice transitionnelle doivent être mobilisés. Cette phase fait défaut pour les victimes et empêche une résilience collective et souvent individuelle. Ces principes généraux permettraient d’atteindre une vérité de façon à construire une résilience qui n’est pas, en l’état, construite sur des bases collectives suffisamment solides.

Domaines

Droit
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03464137 , version 1 (03-12-2021)

Identifiants

Citer

Laurent Sermet. Les « enfants de la Creuse ». Pour une analyse critique de la justice transitionnelle. Civitas Europa, 2021, N° 46 (1), pp.309-324. ⟨10.3917/civit.046.0309⟩. ⟨hal-03464137⟩
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