Aujourd'hui famille et jeunes adultes sont contraints à une cohabitation prolongée. Le phénomène se constate dans certains pays européens, comme la Belgique, la Grèce, l'Espagne et l'Italie. L'île de La Réunion, où la famille fonctionne encore sur un mode traditionnel, se trouve particulièrement concernée par ce phénomène. Toutefois, ce n'est pas la nécessité d'une solidarité plus longue qui est source de tensions, mais plutôt, les nouveaux principes sur lesquels cette relation de dépendance doit reposer. Les difficultés rencontrées dans cette cohabitation prolongée naissent alors du fait que les attentes des jeunes adultes vis-à-vis de leurs familles ne sont pas uniquement d'ordre matériel. Le loisir nous semble une fenêtre pertinente pour étudier comment se déroule cette cohabitation. Faire le choix de son temps de loisir nécessite de concilier « souci de soi » et « appartenance au foyer ». Décider des horaires auxquels on va, par exemple, jouer au football, ne peut se faire qu'en tenant compte des règles de vie familiales et de leurs temporalités. Le temps de loisir, qu'il soit tacite ou négocié, doit donc faire l'objet d'une double validation, à la fois par l'individu et par la famille. Ce sont ces arrangements qui retiennent l'attention du sociologue pour comprendre sur quels principes s'effectuent les tractations qui vont accorder ou interdire certains droits au jeune.