Norme, langue et normalisation au Cap-Vert et ailleurs
Résumé
La notion de norme et de référence à la norme est absolument fondamentale pour qui s'intéresse aux langues humaines. Langues, dialectes, parlers et accents suivent tous des règles rigoureuses, que l'observation permet de déterminer. Il n'y a pas de langue sans grammaire : la langue est une norme.
Cependant, les langues du monde ne jouissent pas toutes de statuts égaux. Dans certains États, le ou les idiomes parlés par la majorité de la population sont normés (pourvus d'une norme de référence) et normalisés, c'est à dire soutenus par un appareil administratif et éducatif conséquent.
À l'inverse, de nombreuses communautés linguistiques, minoritaires ou trop pauvres, sont obligées d'utiliser d'autres langues que leur langue maternelle pour avoir accès à l'enseignement ou aux services publics. La normalisation des langues vernaculaires de ces groupes laissés pour compte est souhaitable pour deux raisons : 1. la préservation de la diversité culturelle de la planète ; 2. l'établissement de systèmes éducatifs et d'information plus performants, parce qu'utilisant la langue maternelle des communautés considérées.
Fixer la norme d'une langue peu décrite est loin d'être une sinécure, comme le montre l'exemple capverdien. Et en fin de compte, cette nouvelle norme n'aura d'utilité que si les pouvoirs publics favorisent sa normalisation, à savoir sa diffusion systématique auprès des populations concernées. L'aventure de la normalisation des langues vaut cependant la peine d'être vécue, en particulier dans nombre de pays du Tiers-Monde. En normant et en normalisant, le linguiste a un rôle essentiel à jouer dans les processus de développement économique.
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