Les impasses des travaux sur la télévision : quelques questions de terrain
Résumé
Les médias constituent-ils des terrains de recherche particuliers ? À cette question, il est tentant de donner une réponse positive. Les médias sont régulièrement l'objet de campagnes de presse qui ont une incidence directe sur la manière dont les enquêtés mettent en scène leurs pratiques lorsqu'ils sont confrontés à une procédure d'enquête. Ce phénomène de décalage entre pratiques réelles et descriptif des pratiques vaut aussi pour d'autres pratiques culturelles (Donnat, 2003), mais il est particulièrement marqué dans le cas de la télévision. On ne peut en fait observer que ce que les téléspectateurs veulent bien montrer, sans déroger à certains principes de bonne volonté culturelle qui veulent qu'on ne regarde pas trop la télévision ou en tout cas pas pour des émissions de divertissement pur, et que la question de la violence médiatisée-ou plus récemment celle de la pornographie-soit une préoccupation familiale. Contrairement à certaines idées préconçues, le discours des enfants sur la télévision est aussi construit que celui des adultes, même si c'est parfois sur un mode antagoniste. Sur la question de la violence médiatisée par exemple, les parents ont tendance à sur-jouer un rôle de parents responsables soucieux d'éviter à leurs enfants la vision de scènes trop violentes, tandis que ces derniers chercheront plutôt à se vanter devant le sociologue d'avoir vu en cachette des films ou des séries « qui font peur » (Buckingham, 1993 et 1996 ; A.B.A., 1994). Bref, il ne faut pas s'illusionner, toute enquête sur un objet aussi politique que la télévision se heurte à la construction d'artefacts produits par la situation d'enquête elle-même.
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