« La pensée libre doit être conquise par une anamnèse histonque capable de dévoiler tout ce qui, aans la pensée, est le produit oublié du travail historique. La prise de conscience résolue des déterminations historiques, véntable reconquête de soi, qui est l'exact opposé de la fuite magique dans la « pensée essentielle », offre une possibilité de contrôler réellement ces déterminations. » (Pierre Bourdieu, Les régies de l'art. Genèse et structure du champ littéraire) Lorsqu'il est question de littérature à La Réunion, il revient toujours, à un moment ou à un autre de la réflexion une distinction qui paraît tellement relever du sens commun que l'on oublie d'en faire la théorie ou même de s'interroger sur le fait de savoir si une théorie en est possible: il s'agit de la distinction entre la littérature réunionnaise d'expression française et la littérature réunionnaise d'expression créole. Cette distinction paraît de bon sens-et elle acquiert alors toute la force persuasive de l'objectivité-puisque la littérature produite à La Réunion utilise deux langues différentes, le créole et le français, mais elle mérite d'être discutée dans la perspective des difficultés actuelles des recherches sur les littératures francophones qui n'ont pas encore résolu les problèmes théoriques que pose l'analyse de la littérature dans une situation de multilinguisme.