L'image du maître spirituel : Lucrèce et son maître Épicure
Abstract
La littérature grecque a popularisé l'image d'une relation binaire masculine : deux guerriers dans l'Iliade. « Mais quel plaisir en ai-je, maintenant qu'est mort mon ami (φίλος ἑταῑρος) Patrocle, celui de mes amis que je prisais le plus, mon autre moi-même ? » (XVIII, v. 80), erômenos et erastès chez Platon, guru et ses adeptes dans les sectes. Ce type de relation appartient donc à la fois à l'histoire et au mythe. La disparition massive de milliers de pages d'auteurs antiques a eu pour conséquence que seul le poème de Lucrèce (98-95 ?-55-50 ? avant notre ère) De Rerum Natura a conservé la doctrine épicurienne de façon suivie et construite, même si cette oeuvre est demeurée inachevée à cause de la mort prématurée de son auteur. C'est Cicéron qui a revu et publié ce poème, Cicéron qui a eu un regard très critique sur Lucrèce et l'épicurisme dans son traité De Natura Deorum. En effet, les éloges d'Épicure par Lucrèce posent la question sur laquelle les historiens des religions ne s'accordent toujours pas : l'épicurisme est-il un athéisme ? Si oui, Lucrèce commettrait une énorme faute doctrinale quand il célèbre son maître comme divinité. De ce fait, on est amené à reposer la question de la paideia dans les termes maître-disciple, professeur, école philosophique, adepte, transmission. Enfin le statut de Lucrèce lui-même a été mis en question par ses contemporains eux-mêmes : fut-il poète ou philosophe ?
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