Désir amoureux et langage corporel dans Le Rouge et le Noir
Abstract
De 1789 à 1830, les événements politiques ont poussé les hommes à s’interroger sur leur rapport à l’Histoire. Celle-ci n’est plus un objet abstrait mais une réalité qui se vit en même temps qu’elle se construit. Ces bouleversements entraînent, entre autres, une remise en question du corps. En effet, l’évolution des lois, de la biologie et ou encore de la philosophie offrent au corps une représentation nouvelle dans la littérature. Non que le corps s’expose librement. « Le corps ne se dit pas, ne se montre pas, ni dans les faits, ni dans les textes. Au mieux, s’il n’est pas tenu au silence, il est dit par le biais peu probant de la métaphore ». Mais alors, pourquoi parler du corps ? Ce dernier devient un enjeu idéologique et exprime le rapport de l’homme à son histoire et à la société qui l’entoure. Au XVIIIe siècle, on considérait le corps comme soumis à la volonté de son possesseur. Les bouleversements historiques changent cette position dominatrice de l’homme sur son propre corps. Désormais, il s’y sent enfermé et la civilisation devient elle-même une prison. François Kerlouégan note ainsi que les « corps
brimés, disciplinés par la loi socio-historique, réclament une libération du corps, c’est-à-dire une adaptation de la loi au désir, de la société à la nature ». On constate qu’il existe, dans Le Rouge et le Noir, une tension permanente entre le comportement que la société aimerait que Julien Sorel adopte et celui, plus dérangeant, qu’il ne peut dissimuler. Finalement, en proclamant la liberté de son corps, Julien Sorel prend le pouvoir (tout relatif) sur son destin. Le corps « incarne la volonté de subversion des codes (politiques et esthétiques) qui anime l'artiste romantique ». C'est à travers le lien entre Histoire et corps – à la fois physique et textuel – que je vous propose d’étudier Le Rouge et le Noir.
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