La figure de Caragueuz ou les enjeux du petit théâtre d’ombres stambouliote dans le Voyage en Orient de Nerva
Abstract
Précédée de plusieurs effets d’annonce, l’entrée en scène de Caragueuz, emblématique marionnette et ombre chinoise de la place du Seraskier de Stamboul, représente un jalon majeur dans la relation viatique orientale de Gérard de Nerval. Fermement ancré dans son café aménagé en petit théâtre d’ombres chinoises, l’ithyphallique homme aux yeux noirs2 constitue à la fois une réalité ethnoculturelle caractéristique de la capitale de l’empire ottoman mais aussi un support à rêveries analogiques de la part de certains écrivains-voyageurs ou érudits européens. Pour Nerval qui séjourne à Stamboul en 1843 comme pour Gautier qui suivra les traces de son compère en 1852, Caragueuz appartient sans nul doute à la grande famille de pantins ou fantoches pour laquelle une certaine frange de la seconde génération romantique éprouve une dilection. Entre les abords du boulevard du Temple à Paris, la place du Môle à Naples et l’orientale Stamboul, du facétieux académicien Charles Nodier au plus jeune Champfleury en passant par la famille Sand – George et son fils Maurice –, on recherche, non sans quelque condescendance, la quintessence de plaisirs à la fois enfantins et populaires, créant autour de ces humbles figures injustement méprisées des zones mi-réelles mi-textuelles entretenant des rapports avec l’utopie.
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