Blurring boundaries: early Sinhala cinema as another Adam’s Bridge between Ceylon and India (1948-1968)
Résumé
Within the context of ambiguous Indo-Sri Lankan relations, I seek to probe the question of cinema as a cultural and political articulation between these two spatialities, transcending colonial boundaries and traditional rivalries. I will argue that nascent cinema coalesced the Indo-Sri Lankan spaces into one whole, structuring networks, constellations and inter-connectivity. How did early cinema become a treading and trading ground and a “global village” (MacLuhan) for citizens of the world, overriding criteria of caste, class, language and religion? But while cinema blurred conventional frontiers and enhanced social and cultural flows across borders during the colonial era, the opposite is true of the post-independent period of the 1950s when movements for the political hegemony of the Sinhala people would rapidly spill over the cinema industry. This paper will thus consider the way the film industry also articulated Sri Lankan ethnicities: at the core of the discussion will be the call by Sinhala “cultural patriots” for a film culture more articulate of Sinhala culture, based on the premise that Dream Merchants from India, the United States and Great Britain were exercising economic and cultural imperialism through the film mode. Conclusively, I will argue that the sense of endangerment to Sinhala culture – whether real or imagined – that gripped a part of the Ceylonese nation, as well as the ensuing 1960s State protectionist policies in favour of ethnic Sinhalese, refer back to how the film industry brings into sharp focus the socio-ethnic and economic malaises that have incessantly borne upon Sri Lanka’s cultural history.
Cette réflexion propose d’examiner la part qui revient au septième art dans les rapprochements politiques et culturels entre deux espaces de l’océan Indien, l’Inde et le Sri Lanka. Je m’efforcerai d’éclairer les divers réseaux, constellations et activités qui se sont produits de part et d’autre du Détroit de Palk. De quelle manière le cinéma était-il dès les années 1930 un terrain de convergences faisant écho à ce que Marshall MacLuhan qualifierait en 1962 de “village global” ? Cela dit, alors que d’un côté, le cinéma a effacé les frontières traditionnelles et renforcé la mobilité d’idées et d’individus à travers les limites établies par le pouvoir colonial, on constate le renversement de cette situation dès les années 1950, période qui suit l’accession à l’indépendance de l’Inde et du Sri Lanka. C’est alors que les mouvements ethno-centristes touchent de plein fouet le domaine culturel, dont le cinéma. Ainsi nous aborderons le phénomène cinématographique comme reflet des divisions ethniques au Sri Lanka. Au coeur de ce débat se trouve les revendications par les “patriotes culturels” cinghalo-bouddhistes pour une culture cinématographique reflétant l’imaginaire du people cinghalais, fondé sur la prémisse que les Marchands de Rêve indiens et anglo-saxons exerçaient un impérialisme économique et culturel par le biais du cinéma. Enfin, il s’agit de présenter la manière dont le sentiment de menace, réel ou imaginé, vécu par le peuple cinghalais mène à une politique protectionniste pro-cinghalaise mise en place par l’état Sri Lankais dès 1960, preuve de l’efficacité du cinéma comme vecteur des malaises socio-ethniques qui ne cessent d’accabler ce petit Etat insulaire de l’océan Indien.