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Article Dans Une Revue Island Studies : Indian Ocean / Océan Indien Année : 2015

Une pratique enseignante fréquemment observée dans les classes réunionnaises, la traduction interlinguale : efficacité et impact sur les élèves

Résumé

La Réunion abrite une situation sociolinguistique qui voit se côtoyer deux langues structurellement et génétiquement proches, le créole, idiome majoritairement usité par les locuteurs natifs et le français, encore en position de prestige. L’analyse de conversations quotidiennes montre que les échanges endolingues des Réunionnais sont marqués par des mélanges à géométrie variable : des confi gurations linguistiques « bilingues » complexes, originales et diffi cilement codifi ables sont ainsi attestées dans des situations de communication diversifi ées et chez les locuteurs de toutes les générations (Lebon-Eyquem, 2004). Toutefois, les chercheurs procèdent à certaines analyses en se référant à deux cadres épistémologiques diffi cilement conciliables. Alors que le cadre théorique du macro-système (Prudent, 1993) considère que les énoncés ne doivent pas être codifiés et nécessitent d’être considérés dans toute leur complexité, les chercheurs qui se sont intéressés à l’acquisition du français (Prudent, 2007; Lebon-Eyquem, 2007, 2010a et b), s’appuient sur des références théoriques du développement langagier qui adoptent une approche structuraliste. Aussi, ils préconisent le repérage des traits prototypiques du français dans les énoncés à dominante français afi n d’en faciliter son acquisition. Mais ils sont suivis par d’autres linguistes qui appliquent cette démarche aux formes mélangées fréquemment mobilisées par les locuteurs dans la vie quotidienne. Comme les segments de la langue parlée sont identifi és et attribués à un code polaire, les activités de distinction et de discrimination français/créole sont alors valorisées. L’école, pourvoyeuse d’une norme unique, le français, et dont le principal objectif consiste à faire identifi er et mobiliser les structures prototypiques françaises, va adhérer totalement aux recommandations des chercheurs locaux. Ce sont les tâches de traduction pédagogique interlinguale qui seront alors privilégiées. Cet article vise à mettre en lumière cette pratique pédagogique qui est légion dans l’espace de la classe réunionnaise. Pour ce faire, nous nous proposons de confronter le point de vue des enseignants à celui des élèves afi n de déterminer comment les intentions et les actions pédagogiques sont perçues. Nous montrerons que les jugements stigmatisants, l’absence de réelles situations d’apprentissage et d’étayage approprié font que la traduction se transforme en activité souvent rébarbative, peu enrichissante, voire contre-productive et qu’elle met à mal l’estime de soi de l’élève et plus largement du locuteur. En revanche, lorsqu’elle s’inscrit dans un cadre théorique qui considère la pluralité, elle permet aux apprenants de développer leurs compétences langagières de façon efficace.
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EYQUEM Juillet 2015 Island Studies IO-OI No. 2_hal.pdf (2.97 Mo) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-01501114 , version 1 (11-10-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01501114 , version 1

Citer

Mylène Lebon-Eyquem. Une pratique enseignante fréquemment observée dans les classes réunionnaises, la traduction interlinguale : efficacité et impact sur les élèves. Island Studies : Indian Ocean / Océan Indien, 2015, pp.74--81. ⟨hal-01501114⟩
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