Prolongements du poème dans l’art visuel d’Adonis
Résumé
Comment lire les œuvres visuelles d’Adonis exposées à Paris dans la galerie et à l’initiative d’Azzedine Alaïa du 24 mars au 10 mai 2015 ? Avons-nous affaire à un nouvel art poétique ? À une nouvelle création esthétique ? À un nouveau manifeste en faveur d’un certain matérialisme dans l’art ? Ou bien à ce que Henri Michaux appelait dans un texte intitulé « En pensant au phénomène de la peinture », un « épiphénomène de la pensée » ? Selon moi, cette nouvelle création poétique et visuelle, bien difficile à cerner et à définir, illustre plus que jamais une pratique récente et originale de réécriture qui semble explorer ce que Foucault appelle, dans Les mots et les choses, « l’être abrupt » des mots et du langage, mais ici devenu poème et nécessairement confondu aux choses. Cette œuvre est-elle « une forme toute nouvelle de pensée » dont parlait Foucault ? Faut-il maintenant voir à travers elle ce qu’il avait pressenti en 1966, à savoir le commencement d’un entier ressaisissement de la pensée qui peut dorénavant « s’illuminer à nouveau dans l’éclair de l’être » ? Et plus simplement, une réécriture qui expérimente les dimensions possibles et nouvelles de l’écriture ?