Paul et Virginie en arabe ou la vertu de la littérature selon Manfalûtî
Résumé
Dans la littérature arabe, le milieu du XIXe siècle marque le début de ce que Yves Gonzalez-Quijano appelle « une vraie Renaissance » dans la mesure où, en littérature, les écrivains ne se contentent pas d’imiter strictement le modèle européen. Formé à l’université d’Al-Azhar, Mustafâ Lutfî al-Manfalûtî (1876-1924) est l’un de ces grands auteurs égyptiens qui participent pleinement aux débats sur l’évolution de la littérature et sur sa place dans la société. Sa traduction du roman de Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie (1789), montre de manière originale un intérêt pour le roman français, forme inexistante dans la littérature arabe avant le XIXe siècle, et le souci de repenser, à travers cette forme nouvelle, la conception de la littérature. Intitulée La vertu ou Paul et Virginie (1923), cette traduction arabe a connu un énorme succès auprès d’un large public mais a été délaissée par la critique arabe. Pourtant elle a le mérite de donner à la littérature un statut fondamental dans la société arabe. Cet article présente donc un avis très contrasté par rapport à la tradition critique arabe.