Etude chimiotaxonomique des espèces du genre Psiadia et Melicope endémiques de l’île de La Réunion: isolement et identification de trois nouveaux terpènes.
Résumé
Le Laboratoire de Chimie des Substances Naturelles et des Sciences des Aliments (LCSNSA) et l’Unité Mixte de Recherche C53 « Peuplement Végétaux et Bioagresseurs en Milieu Tropical (PVBMT) sont impliqués depuis 2005 dans un vaste programme relatif à la gestion et à la conservation de la biodiversité de l’île de la Réunion, haut lieu (hotspot) de la biodiversité mondiale. Dans ce cadre, ils ont mis en place un important projet de reconnaissance et de classification des plantes endémiques de l’île. Ce projet s’inscrit dans le domaine de l’écologie évolutive, dont la finalité est de mettre en évidence l’influence des mécanismes de l’évolution (sélection naturelle, mutation, hasard, migration…) sur le devenir des populations végétales et animales, leur type d’organisation et leur mode d’adaptation à l’environnement. Afin d’aboutir à une classification juste et précise des espèces végétales endémiques de l’île, le choix des chercheurs s’est fixé sur la mise en œuvre d’une étude scientifique combinant à la fois des données chimiques, botaniques et de phylogénie biomoléculaire.
Ce vaste projet a débuté avec l’étude des espèces des genres Psiadia (Astéracées) et Melicope (Rutacées). L’analyse de leurs huiles essentielles a conduit en particulier à l’isolement et l’identification par spectrométrie de masse et résonance magnétique nucléaire mono- et bidimensionnelle de trois nouveaux terpènes : un monoterpène acétylé dérivé du alpha-pinène, l’acétate de 6-(7,7-diméthyl-2-méthylène-bicyclo[3.1.1])heptanoyle (1) ; un alcool sesquiterpénique au squelette tricyclique inhabituel, le 6,6,8,9-tétraméthyl-tricyclo[3.3.3.0]undéc-7-én-2-ol (2) ; et un sesquiterpène dioxygéné, le 2-hydroxy-6,10-diméthyl-6-vinylundéca-2,9-dièn-4-one (mélicopénol) (3). Les composés (1) et (2) ont été détectés en forte proportion dans les huiles essentielles de quatre des espèces du genre Psiadia (P. anchusifolia, P. argentea, P. boivinii et P. salaziana). Le composé (3) quant à lui, constitue le composé majoritaire de l’huile essentielle de Melicope obscura.
En raison de leur forte proportion et de l’originalité de leur structure, il a été envisagé pour ces trois nouveaux composés, la possibilité d’un rôle de marqueurs chimiotaxonomiques.