Eureka ou l’équation entre assertion scientifique et expression artistique dans l’écriture poesque
Abstract
Si science et littérature apparaissent aujourd'hui comme des pratiques étrangères l'une à l'autre, elles constituent deux formes de discours qui s'éclairent et s'interrogent mutuellement sur la scène culturelle et dans l'imaginaire de l'Amérique du XIXe siècle. Loin de considérer la littérature comme un simple reflet du contexte ou de la pensée de l'époque, cet ouvrage collectif explore les modalités selon lesquelles discours et objets scientifiques se trouvent captés, transformés ou subvertis par l'écriture littéraire. A une étude des sources cherchant à identifier la présence de débats ou de concepts scientifiques dans les textes de l'époque, ou à un travail contextuel analysant les prises de position d'auteurs américains sur la science et la technologie, on a préféré une approche qui se penche sur les significations de ces formes d'appropriation dans l'économie des textes étudiés - le « devenir littérature » de la science dans l'imaginaire américain. Les différentes études ici rassemblées se sont ainsi intéressées avant tout à cet autre que devient le discours scientifique une fois transformé par l'écriture littéraire. A travers l'étude d'auteurs marquants de la période (Poe, Melville, Thoreau, Brownson, Whitman, Muir, Howells et Crane), les quatre parties de l'ouvrage cherchent à dégager la diversité signifiante des usages du discours scientifique par les écrivains américains du XIXe siècle. La première envisage la science et la technologie comme objets poétiques, tandis que la seconde explore la perméabilité au discours esthétique d'écrits affichant des ambitions scientifiques. Une troisième section étudie la manière dont l'écriture littéraire recycle et subvertit des images et concepts issus des sciences expérimentales. Un dernier mouvement porte sur des textes interrogeant - parfois à leur insu - les limites de la science.