Rendre compte des conditions et contraintes des enseignants de l’INSA en utilisant l’échelle des niveaux de codétermination didactique
Résumé
A partir de deux études de cas à l’INSA Lyon réalisée pour l’enquête exploratoire de notre recherche doctorale, cette communication propose de retracer la façon dont nous avons utilisé l’échelle des niveaux de codétermination didactique proposée par Chevallard (1985 ; 2010).
Dans la perspective de faciliter l’intégration des enjeux de la transition socio-écologique par les enseignants de l’établissement, nous avons cherché à mieux comprendre comment ceux-ci élaborent les curriculums de formation et le programme de leurs enseignements. La théorie anthropologique du didactique auquel se rattache cette échelle attire tout particulièrement l’attention sur l’écologie des systèmes didactiques et les multiples niveaux qui les co-déterminent à la fois de façon distincte et solidaire. Cela conduit à chercher à comprendre les conditions (négociables) et les contraintes (imposées) dans lesquelles l’enseignant travaille, toujours situé dans une ou plusieurs disciplines d’étude, aux prises avec des normes pédagogiques, évoluant dans une culture institutionnelle d’établissement particulière et prenant place dans une société singulière. Les niveaux d’analyse de cette échelle permettent de faire ressortir différentes dynamiques, croisant des enjeux à la fois pragmatiques, axiologiques et épistémologiques, qui définissent les contours des savoirs autorisés et prescrits par l’institution.
Dans cette communication, pour présenter notre enquête exploratoire nous mettons en tension le cadre théorique retenu, inspiré à la fois de la théorie anthropologique du didactique et de la sociologie du curriculum. Cette seconde source nous a conduit à axer l’étude de ces niveaux de codétermination sous le prisme des rapports de pouvoir et de prestige pour saisir comment celles-ci interviennent dans l’activité enseignante et les compromis curriculaires, c’est-à-dire pour rendre compte de la disciplinarisation dans l’économie des savoirs (Lemaître, 2015). Cela souligne à nouveau l’importance de considérer les curriculums tout comme les systèmes didactiques comme des objets dynamiques (Forquin, 2008), dans lesquels la place et la nature des disciplines d’étude n’est pas définitive, mais doit être régulièrement réaffirmée, relégitimée voire transformée. Ces rapports, parfois conflictuels, ne sont pas sans influence sur les pratiques individuelles et collectives de formation, mais aussi sur les identités des enseignants. En définitive, nous proposons de rendre compte de notre manière d’articuler l’étude de ces trajectoires didactiques et curriculaires aux différents niveaux de codétermination didactique, avec des échelles de temps variées : de celle de l’institution à celle de la ‘‘durée de vie’’ d’une maquette pédagogique en passant par celle des carrières des enseignants.
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