L'orthographe est un lieu privilégié d'observation des débats relatifs aux savoirs scolaires. D'une part, peu de connaissances théoriques relatives au savoir orthographier ; d'autre part, l'ancienneté de la querelle et l'actualité toujours revivifiée de la question attestent qu'il s' agit là d' un véritable lieu de civilisation. L'objectif de cette recherche, conduite dans une perspective psycholinguistique et didactique, est de contribuer aux études centrées sur l'acquisition de l' orthographe, en évitant les mouvements pendulaires qui vont de la sacralisation de l'orthographe à son contraire. Cette recherche, conduite dans le cycle des approfondissements de l'école primaire (ou cycle 3 : CE2, CMI et CM2), traite d' un point sensible de l'orthographe : l'homophonie. Plus particulièrement, elle s'intéresse aux homophones de /sE/ : ses, ces, c'est, s'est, sais, et sait en cherchant d'abord à montrer que certaines variables didactiques ont des effets cognitifs sur l'apprentissage puis à expliquer pourquoi certains procédés peuvent paraître insatisfaisants. La didactique expérimentale apparaît ici comme un « chaînon manquant » entre sources théoriques et action car, munie des hypothèses des disciplines contributives et des hypothèses issues de la pratique, elle se donne pour objectif d'évaluer empiriquement les différentes hypothèses. Les variables didactiques examinées sont au nombre de trois : 1) profil d'action didactique de l'enseignant ; 2) gestion de l' information écrite par les élèves ; 3) matériel linguistique mis à la disposition des élèves. Les résultats confirment que l'offre pédagogique explique en partie les comportements orthographiques des enfants et conduisent à deux propositions pédagogiques afin que le processus d' enseignement soit le plus apte à accompagner l'apprentissage: 1) l'enseignement de séries homophoniques complètes (vs par couples); 2) une pédagogie de la découverte (vs enseignement traditionnel sous forme de leçons).