Pour les parents de Mayotte, la fréquentation scolaire obligatoire à l’école de la République vient se conjuguer avec l’école coranique, ce 101ème département français étant profondément enracinée dans l’Islam, comme les autres îles qui forment l’archipel des Comores. L’éducation est ainsi l’affaire de trois instances : l’école publique, la famille et l’école coranique, où les enfants se rendent tôt le matin, avant de rejoindre l’école publique. À Mayotte, l’ensemble des disciplines scolaires est enseigné dans une langue de scolarisation (français) qui n’est ni la langue locale (shimaoré ou kibushi), ni celle qui est enseignée aux plus grands dans les madrasa (arabe). Dans ce contexte, l’enjeu du chapitre est de mettre en relation le rapport aux langues qu’entretiennent les parents et le rôle qu’ils confèrent à l’école, en situant la réflexion dans le contexte singulier de ce département français. Cette étude est de type ethnographique et rend compte des représentations de 12 parents vivant à Mayotte (six sont natifs de l’île, cinq d’Anjouan et une mère est née à Madagascar) sur l’école et sur les langues qui s’y côtoient. Parmi les principales conclusions, quand on les interroge sur la langue dans laquelle ils souhaitent scolariser leurs enfants, les parents répondent majoritairement le français qui constitue pour eux, la langue de la promotion sociale et de l’insertion professionnelle, ce qui corrobore des résultats plus anciens (Laroussi et Liénard, 2011) et ceux de Mori (2018) portant sur un public d’étudiants du CUFR de Mayotte.