L’érosion de la paix : poches de conflits et jeux de pouvoir au Mozambique
Résumé
Mozambique is facing major socio-economic and political challenges. Since 2013, it has faced two regional armed conflicts, which are characterised by distinct territorial bases. On the one hand, the violence perpetrated by the former guerrilla group Renamo (Resistência Nacional de Moçambique) and its military junta (2019-2021) in central Mozambique. The latter is capitalising on local resentment of a largely centralised state apparatus. A final peace agreement was signed in 2019, but pockets of dissent remain. On the other hand, there is a rise in violence attributable to armed jihadist groups, called Ahlu Sunna, operating in northern Cabo Delgado province. A former political and electoral stronghold of the Frelimo state party, the Muslim province has remained one of the most impoverished in Mozambique. The spread of violence and the entrenchment of Ahlu Sunna is taking place in a region marked by a low level of public investment and the penetration of radical Islam. Mozambique has thus returned to armed violence, which has partly reappeared on the ashes of the liberation war. This article will attempt to show theirs issues and their impact. The aim is to see how the Frelimo party-state is trying to respond to these threats in a Mozambique with high stakes (coal megaprojects, natural gas, etc.) and to identify the fault lines that affect the country by determining their origins, repercussions and responses.
Le Mozambique est en proie à des défis socio-économiques et politiques majeurs. Depuis l’année 2013, il fait face à deux conflits armés régionaux. Ce retour aux armes se caractérise par des assises territoriales distinctes. D’une part, les violences perpétrées par l’ancienne guérilla Renamo (Resistência Nacional de Moçambique) et sa junte militaire (2019-2021) dans le centre du Mozambique. Cette dernière capitalise sur les ressentiments locaux vis-à-vis d’un appareil d’État largement centralisé. Un accord de paix définitif a été signé en 2019 mais perdurent des « poches » dissidentes. D’autre part, une montée de la violence imputable à des groupes armés djihadistes, appelés Ahlu Sunna et opérant dans la province de Cabo Delgado au Nord. Ex-bastion politico-électoral du Parti-État Frelimo, la province musulmane est restée l’une plus indigentes du Mozambique. La propagation de la violence et l’enracinement d’Ahlu Sunna se fait dans une région marquée par un faible niveau d’investissements publics et la pénétration de l’islam radical. Ainsi le Mozambique a renoué avec la violence armée, en partie réapparue sur les cendres de la guerre de libération. Cet article va s’attacher à en montrer les enjeux et les impacts. Il s’agit de voir par quels mécanismes le parti-État Frelimo tente de répondre à ces menaces dans un Mozambique à forts enjeux (mégaprojets sur le charbon, gaz naturel…) et d’identifier les lignes de fractures qui zèbrent le pays, en en déterminant causes, répercussions et réponses apportées.