, Le savoir passe par l'affectif, sinon il nous effleure sans nous toucher. Quant à l'affectif, il a besoin de connaissances fermes pour se consolider. Il est vain de tricher : l'enfant, mieux que l'adulte, devine ce que nous sommes à travers ce que nous prétendons être ou paraître. Ma simple attitude, au quotidien, en dit plus et mieux sur ce que je suis que les prêches ou les sermons. Les leçons de morale, de civisme, de civilité, d'instruction civique, ou de simple politesse sont temps perdu s'il ne s'y greffe une sincérité pratique réelle. À ce niveau, l'enseignant reste, qu'il le veuille, s'en accomode ou s'en défende, un « maître qui tient école » et en assume l'autorité. Qu'on l'appelle précepteur, instituteur, professeur importe peu. C'est par son attitude vis-à-vis des savoirs, des autres, de la vie, qu'il éduque et qu'il instruit à la fois. Jacques Ulmann aimait rappeler que l'éducation est « par essence axiologique ; elle ne saurait faire l'économie d'une réflexion éthique sur l'homme, discipline, qui est d'abord discipline de soi, elle trouve son modèle dans l'exigence stricte des savoirs et même dans la rigueur scientifique la plus stricte

, On pourrait dire qu'ils sont d'aujourd'hui et d'hier dans la mesure où ils traversent l'histoire de l'éducation à quelque niveau que l'on se place, où que l'on soit et quel que soit le contexte. La métamorphose des ÉN en IUFM, des IUFM en ÉSPE, et bientôt des ÉSPE en INSPE ne change rien quant aux questions fondamentales qui se posèrent à moi lors de mon arrivée dans l'île. Elle n'a fait qu'en réactiver les incertitudes à chaque nouvelle réforme. Ce ne sont pas les changements de sigles dont les ministres ne sont pas avares, ni les jongleries langagières de savants pédagogues, qui en feront disparaître la difficile réalité. Le fait de s'interroger sur la distinction entre éduquer et instruire, sur la complémentarité entre l'aspect théorique et l'aspect pratique de la profession d'enseignant, sur la part de conservation et d'innovation de tout enseignement, À y regarder d'un peu près, les trois grands problèmes qui se sont posés concrètement à moi lors de la rencontre avec l'ÉN de La Réunion n'ont rien de neuf ni d'original. Peut-être certains parmi vous seront-ils déçus car ils n'ont rien de spécifiquement local. Peut-être même n'ont-ils rien de propre aux Écoles Normales

J. Bernard,