, On ne saurait inférer, à partir d'une ressemblance possible de sentiments, à une identique manière de penser par notions et de conduire ses pensées « par ordre ». À quoi se reconnaît la pensée ? On a vu plus haut le sens large qu'utilise souvent Descartes lorsqu'il est question de métaphysique. À propos du problème qui nous occupe, il fait appel à une signification plus précise et plus technique. Puisque le langage est un système de signes servant à exprimer la pensée, elles-mêmes nous sont sans doute communes. « Il est certain que dans le corps des animaux, comme dans les nôtres, il y a des os, des nerfs, des muscles, du sang, des esprits et autres organes disposés de telle sorte que par eux-mêmes, sans aucune pensée, ils puissent produire des mouvements, vol.22

, Affirmer que les animaux n'ont pas de raison discursive ne signifie pas qu'ils sont inintelligents ou qu'il serait légitime de les traiter cruellement. S'ils ne combinent pas les signes abstraits à la manière des hommes, autrement dit s'ils ne parlent ni ne pensent « ainsi que nous », nombre d'entre eux ont une sensibilité qui n'est pas si éloignée de la nôtre. Leurs émotions sont de même nature que les nôtres. Peut-être aussi leurs sentiments. Ne sommesnous pas, tout comme eux, des « animaux machines » ? Ils montrent même, dans de nombreux secteurs de l'existence, une intelligence pratique plus subtile que la nôtre. À ce propos, Descartes est clair. « Il est vraisemblable qu'ils sentent comme nous, Lorsqu'il aborde les questions touchant au logos, Descartes donne donc au terme « pensée » une signification plus étroite, directement rattachée à l'analyse du langage, p.1320

, Malo Morvan a raison de laisser entendre que le fait de prendre en compte la souffrance des autres espèces peut être autant le fait de « spécistes » que d'« antispécistes, p.23

C. , Même si les bêtes sont incapables d'exprimer « quelque chose qui se rapporte à la seule pensée », cela ne signifie pas que nous sommes autorisés à les traiter cruellement. Se montrer capable d'exprimer au travers des mots

. Descartes, Lettre à Morus, 5 février 1649, p.1319

M. Morvan, On lira avec intérêt l'article ancien mais substantiel de John Cottingham : « A Brute to the Brutes », Descarte's Treatment of Animals, Quelques malentendus au sujet de l'antispécisme » in L'Enseignement philosophique, juinjuillet 2019, vol.53, pp.551-559, 1978.

E. Cassirer, Essai sur l'homme, chap. 3 « Des réactions animales aux réponses humaines, pp.47-65, 1975.