, Achille qui ouvre l'Iliade d'Homère) ou des moralistes chrétiens, plus nuancés, qui ne rejetaient que les passions inférieures (conservant celles qui élèvent vers Dieu), Descartes défend cette idée originale que les « passions sont toutes bonnes » par nature. Si nous en usons mal, c'est à nous qu'il faut nous en prendre. Leur seule faiblesse réside dans le fait que nous oublions qu'elles tendent à devenir exclusives et à envahir la personnalité au point de subordonner toutes les autres tendances. La question n'est donc pas celle de leur éradication mais de leur compréhension, bonheurs et ses peines. À la différence des moralistes antiques qui se méfiaient des passions en raison du risque de disharmonie outrancière des comportements et de leur propension à stériliser la réflexion (rappelons-nous de célèbre colère d

. De-fait and . Clairement-merleau-ponty, Elle est existentielle et radicale. Si les passions viennent de l'ensemble du corps et affecte toute l'âme, cette dernière réagit à son tour sur l'ensemble du corps. C'est donc la vie dans sa globalité qui se voit concernée. En mal, parfois, lorsqu'elles conduisent à s'exposer au danger physique ou moral de manière irréfléchie et excessive, « la question de l'union de l'âme et du corps n'est pas chez Descartes une simple difficulté spéculative » (M. Merleau-Ponty, p.738, 1997.

, L'essentiel est donc dans l'usage des passions, non dans leur nature qui nous est coextensive dans la mesure où nous sommes à la fois des êtres de chair et des êtres pensants

, S'il s'agit de « bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences » suivant le titre même du Discours de la méthode, il est prudent d'écarter prioritairement les risques de dérapage que l'engouement passionné pourrait entraîner. Il faut alors ne se fier qu'aux évidences de la raison, en particulier à celles concevables sur le modèle des certitudes mathématiques dont la première partie du Discours de la méthode fait l'éloge, il faut de ne pas oublier dans quel domaine on se trouve, p.130

. Cependant, il ne s'agit pas pour la volonté de tenter de vaincre la passion dans un combat frontal. Les passions sont trop puissantes. Elle ne peut que réagir de manière détournée par le jeu des représentations où en proposant une passion pure de l'âme comme modèle de substitution

. Ainsi, distincte du corps qui fait partie de la substance étendue comme il est affirmé dans les Méditations métaphysiques, le Traité des passions de l'âme tente de concevoir le fait palpable qu'ils puissent entrer en relation et interagir dans une union, non pas seulement accidentelle, mais substantielle. La première reçoit les informations sur ce qui se passe dans le corps ainsi que, à travers lui, sur ce qui l'affecte de l'extérieur ; le second réagit aux ordres de la première qui tente d'en orienter les dispositions et d'en diriger les mouvements. Grâce à une habile combinaison de physiologie mécanique des émotions et de psychologie des représentations

, Il avoue en effet à la princesse Élisabeth que le « lien » reste obscur à notre entendement. Si, au plan de l'observation et de l'analyse des passions humaines, il propose une explication riche psychologiquement et moralement intéressante dans la mesure où elle n'évite ni la question du libre arbitre ni celle de la thérapeutique, au plan ontologique en revanche, elle laisse le dualisme à sa difficulté fondamentale. Comment cet « accord discordant » (rerum concordia discors) entre l'étendue et la pensée est-il en effet concevable ? Il est certain que le point de rencontre et la cohabitation de la res cogitans et de la res axtensa, dont témoigne l'existence des passions de manière évidente, restent difficilement représentables, en dépit de la distinction subtile entre « unité de composition » et « unité de nature » avancée par Descartes et développée dans les Réponses aux sixièmes objections, L'examen des passions lui permet de retrouver in concreto l'unité de la personne humaine. Il faut cependant reconnaître que cette corrélation de deux substances hétérogènes laisse percer un aveu honnête d'ignorance de la part de Descartes, p.527

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