, dans la mesure où chacun ne se contentait pas de renverser la position adverse, il détruisait ses propres fondements. Pas plus que le domaine de l'objectivité, celui de la subjectivité n'est l'unique centre de la compréhension de ce que nous sommes. La thèse idéaliste égocentrée finit par oublier le poids du réel. La seule façon d'approcher la connaissance humaine, au double sens de connaissance produite par les hommes et de connaissance portant sur l'homme, consiste, « non à renoncer à l'intériorité subjective, mais à se tourner vers l'extérieur, vers les objets pour mieux revenir à l'intériorité, c'est-à-dire au sujet lui-même » (Dagognet, 1970, p. 97). Paradoxalement, il faut un détour par l'extérieur pour approcher au plus près la subjectivité. Sans référence objective, la subjectivité se condamne à rester sans consistance

, Malgré le voeu explicite de certains jusqu'auboutismes structuralistes ou l'artifice verbal des tenants de l'intersubjectif, il n'est pas plus aisé d'effacer toute référence à la subjectivité pure qu'à la subjectivité la plus empirique. C'est en effet d'elles que se réclament le sentiment de l'unité du moi à travers la mémoire ainsi que celui de liberté qui définit conjointement la personne. On peut prétendre dissoudre le sujet métaphysique dans la diversité sociale, Que vaudrait une science humaine qui parlerait des hommes comme on parle des « choses », c'est-à-dire d'objets sans intériorité réflexive ni intentionnalité ? À coup sûr, elle passerait à côté de son objet proprement humain

. Quant-À-accuser, . Heidegger, and . Travers-de-descartes, Ce n'est pas l'abus de « subjectivisation qui fait de l'étant un pur objet » (Heidegger, 1964, p. 131) et produit le totalitarisme, mais son oubli, rappellera sèchement Hannah Arendt au philosophe allemand qui a délibérément choisi de penser « contre l'Humanisme » et « contre les Lumières ». C'est en prétendant dissoudre la subjectivité dans le groupe, l'ethnie, la « culture », la langue, la race, p. 127) et qu'on prépare les totalitarismes les plus systématiquement organisés. Pierre Guénancia a raison de rappeler que le « sujet cartésien, 1964.

, Avec la mort annoncée du sujet et la grande misère de la subjectivité accusée de tous les maux affectant la modernité, le choix semble plus que jamais d'actualité : faut-il traiter les hommes comme les supports chosifiés d'une manipulation pragmatique, comme des objets, ou comme des personnes, c'està-dire en sujets ? Responsabilité juridique, engagement politique, conscience morale, sentiment de la permanence du moi, tous ces faits supposent l'expérience réfléchie d'êtres capables de répondre de leur personne, des subjectivités en acte. Si le « sujet » peut apparaître à certains comme le foyer potentiel d'illusions métaphysiques dangereuses, Georges Canguilhem, s'adressant à un groupe de psychologues en formation, les invitait à un choix qui, en réalité, touche l'ensemble des sciences de l'homme, p.93, 1966.

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