, Bitambar défie son maître : « Quonqu' vou i perde » lui dit-il « d'un air narquois » ; immobilisé le cul dans le sucre après une blague de potache, il interpelle son maître d'une manière hardie : « O vous, msié ! (?) Ah ! Msié, la lé fou, va ? » 3 . Forte -non onirique -résistance à l'égard de maîtres d'abord, du système ensuite, ces sources, peu prises en compte par les historiens, témoignent de l'impertinence, l'insolence, l'ironie, l'humour justement dosés des esclaves qui ont su « jusqu'où on peut aller trop loin » 4 . Ils en usent comme d'une arme défensive pour supporter leur condition et affirmer leur humanitude face aux maîtres. Contrepoint au stéréotype de l'esclave qui module sa plainte, là par le negro spiritual puis le blues, ici par le maloya, la dérision du maître et de son apparat, l'irrévérence, tout cet ensemble de signes verbaux et comportementaux ont pour objectif de mettre en crise la servitude. Subtiles réparties, elles s'opposent à la privation de la parole et offrent aux esclaves un mot, le dernier, De Rauville rapporte les lazzis que les esclaves du Port-Louis adressent aux soldats anglais qui doivent reculer devant la détermination des officiers de marine français : « Anglé filé, criaient-ils, Anglé filé ! La poude fine tombe dans dilo ! Acote to fisi, mo compère ? Napas enan licien ! [Les Anglais se sauvent ! Les Anglais se sauvent ! Leur poudre est tombée à l'eau ! Où est ton fusil

. Jean-baptiste-renoyal-de-lescouble,

H. De-rauville and L. De-france-contemporaine, , vol.415, 1909.

, Journal, op. cit

J. Cocteau and L. Coq, , 1918.

. Géraud-jean-françois,