, Il convient alors de s'adresser à quelqu'un qui est capable de déterminer l'origine de cet esprit ou divinité. En créole, on définit cette origine par le concept de « générasyon ». « I fo alé voir in moune i koné gardé. » (Il faut aller voir une personne capable de « regarder », de l'identifier.) I fo voir kèl générasyon i lé. Lanfan i dépann de kèl générasyon ?, cette « transgression » se reporte sur les enfants et ils peuvent en tomber malades ou en mourir

, Quand le noeud se trouve à l'arrière de la tête, il s'agit d'un ancêtre ou d'un esprit « malbar ». Quand c'est au milieu de la tête, il s'agit d'une présence malgache et si c'est au-devant de la tête

, Dans le cas de « mèsh droite é tout i kol avèk a la fin, sé générasyon malbar. (Une mèche raide où les cheveux sont collés ensemble à la pointe, c'est une divinité hindoue.) O milye tout le sheve en gobe, sé générasyon malgash. (Au milieu quand tous les cheveux sont réunis en boule, c'est une divinité malgache.) Devan, an tiboul -tiboul, é lé rare, sé générasyon zarab/Komor. (Devant en petites boules, et c'est rare, il s'agit d'un esprit comorien ou indien musulman.) » Un enfant peut avoir les trois types de « sheve mayé

. Mon-arrière-grand-père,-i-sort-madagascar and . Kan-le-sheve-i-may, Kan in èspri malgash i ariv, i voi tout de suite. Kan ou komans à trembler, il est là. Il ne nous veut pas de mal. I sort si ou, é i sava. Il était esclave, i té i souffre. Kan mi pri la Vièrge, li lé kontan. Sé in èspri katolik, li sava la mès le dimansh. On vient aussi en octobre

, Si on veut privilégier la religion catholique, on pratique le rituel à la Vierge Noire et pour cela il faut : des ciseaux propres ; une toile blanche pour récupérer les cheveux

». «-Ètre-en-karèm, ni de chair depuis trois jours, et ne pas avoir eu de relations sexuelles les trois jours précédents non plus ; l'enfant doit être vêtu de blanc ; c'est le père ou la grand-mère qui coupe les cheveux ; celui ou celle qui coupe les cheveux n'a pas pour obligation d'être catholique ; on offre à la Vierge un bouquet de fleurs blanches

, Elle précise pratiquer exclusivement le catholicisme. Quand on pratique ce rituel à la Vierge Noire, c'est se placer sous les auspices de la Vierge et donc du catholicisme. « On fait trois jours de carême et on tire les cheveux avec les ciseaux et avec la grâce de la Vierge Marie. On fait là où il y avait l'eau avant, Aurélie a pratiqué ce rituel, pour chacune de ses filles. « Kan nou tire les sheve, pour linstan le zanfan, sa va

L. Zarab, Inde, et pratiquant l'islam chiite pour ceux qui ont vécu à Madagascar ou sunnite pour ceux qui sont venus directement du Gudjrat. Les Komor, sont les Réunionnais d'origine comorienne pratiquant l'islam sunnite. L'endroit de la tête étant partagé par ces deux origines, il apparaît clairement ici que c'est la religion musulmane qui prime

, Le servis kabary, en malgache, ou servis kabaré, en créole, est une cérémonie d'hommage aux ancêtres malgaches

, Marine Patché explique que le Père Clément invective pendant son sermon les fidèles pour les dissuader de pratiquer d'autres rituels que ceux de l'Eglise. Pour justifier ses reproches, il leur dit qu'il trouve le matin, du sang et des têtes de poules sur le site?Autrefois, sur le site étaient observables des vêtements d'enfants, des poupées, des cannes anglaises, des petits messages écrits sur des bouts de papiers (cf supra)? interprétés par l'Eglise comme des gestes païens. L'Eglise accepte plutôt, l'argent, les fleurs et les bougies. Les prêtres successifs, le Père Valliamé, « un Malbar, anti-pratiques malbar? ») qui a été muté à Saint-Joseph, après une pétition de ses ouailles, le Père Clément actuel, On peut observer des signes qui donnent à penser à la marginalité du rituel

, Lorsque j'ai demandé son point de vue à Monseigneur Aubry sur ces pratiques à la marge il m'a répondu : « Il y a environ cinq ans, il y a eu tout un groupe qui était dans l'emploi vert et dans la valorisation du quartier, qui avait vu l'histoire de Mario qui intervenait souvent devant la grotte et qui perturbait à la fois le curé et les fidèles

, Une fois ce groupe dont je parle, j'ai dit au curé Pierre Bilongo, un spiritain, de m'appeler quand ils venaient manifester. Ils faisaient des sortes de dévotions populaires et ils embêtaient les autres. Alors je suis venu et il y avait un gars, là, comme un menhir breton, torse nu. Il faisait une sorte de culte mélangé, malgache et africain alors je l'ai regardé dans les yeux, j'ai mis ma main plaquée sur son buste et je lui ai dit « Maintenant, stop, tu arrêtes avec ça ! » Alors je ne sais pas s'il m'a pris pour un super sorcier, ou je ne sais quoi, mais ça a été terminé. Un jour, à Saint-Louis sur la tombe du Père Lafosse se pratiquaient aussi des choses de ce style. Le gardien était de mèche avec eux, Moi ce que je demande à mes prêtres c'est l'évangélisation, quand ils voient les personnes sur le site, c'est d'essayer de discuter avec elles

. «-on-a-clôturé-le-site, On a mis une barrière qui part du cimetière? l'entrée est contrôlée. » commente Gilbert Aubry. Mais quelle que soit la limite imposée, la créolisation opère toujours en misouk, discrètement, et en profondeur. Aujourd'hui les cérémonies dites « déviantes » se pratiquent la nuit. Elles passent du monde visible au monde invisible

. On-sait-que-maryam and ». Marie, Ce que l'on sait moins c'est que Maryamène, ou Marliémin, déesse de la fécondité, très vénérée dans l'hindouisme réunionnais est ici souvent assimilée à la Vierge Marie. En octobre 2019, Christian Barat, a recueilli le témoignage d'André de Vue Belle qui a déclaré : « Marliémin sé la vyerz. Kan i ariv sa fèt i fé kanndi (?) kanndi sé manzé la Vièrz Marie

, comme le ramassage des cannes anglaises, des ciseaux ? Certes, les marques de dévotion sont grandes et il faut bien nettoyer le site mais la solution actuelle de gestion de ce qui finit par s'apparenter à des déchets, prive ces objets de la dimension spirituelle que les pratiquants y ont placée. Nous avons plutôt le sentiment que s'exprime ici la volonté de l'Eglise de garder le contrôle du culte, Conclusion Comment interpréter l'entassement des nombreux ex-votos sans plus aucun égard (révélés par les photos d'étudiants ci-dessous)

, transforme les pratiques et font de cette représentation et de ce culte, spécifiques de la Vierge Noire, à La Réunion, un bel exemple de dialogue interculturel, si on ne les considère pas comme marginaux voire comme déviants. Mgr Gilbert Aubry remarque lui-même que « Ce qui permet le dialogue est le métissage et surtout l'interférence des imaginaires. » Eliminer ici un trait culturel à la marge, après l'avoir volontairement suggéré, c'est tenter de faire disparaître une culture

, Au final, nous pouvons dire que par cette recherche ethno-historique nous avons pu révéler les conditions de la naissance d'un mythe de fondation, et observer la naissance d'un nouveau culte pratiqué à La Rivière-des-Pluies, celui d'un « marron » surnommé Mario, dont le terminus a quo est, 1998.

, Rites et croyances, tome 8 de l'encyclopédie "A la découverte de La Réunion

C. Barat and . Robert-r, tomes) Dictionnaire illustré de La Réunion, Représentation divine et architecture sacrée de l'hindouisme réunionnais, 1991.

E. P. ,

, La religion populaire à La Réunion

E. P. ,

. L'église-en-terre-réunionnaise, Préface de monseigneur Gilbert Aubry, pp.1830-1960