« Fatras » et « fatrasie » : un imbroglio étymologique et typologique - Université de La Réunion Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Expressions Année : 2001

« Fatras » et « fatrasie » : un imbroglio étymologique et typologique

Résumé

A well established philological tradition links the word « fatras » to the Latin farcire : « to stuff » through more or less tortuous ways (*fartacium, farsura- *farsurare or *farsuraceum) ; from fatras would be derived « fatrasie » (= fa(s)tras + -ie). The problem is that the second term is more anciently attested than the first one. In 1980, exploiting the varia lectio of a Miracle written by Gautier de Coinci, a German scholar attempted to prove that fa(s)trasie is nothing but a variant for fantasie (< phantasia < phantasma : « kind of nightmare »). All things considered, it doesn’t seem that fa(s)trasie and fantasie are semantically related : the variant is not a phonetical one, but a lexical one ! As a corollary, there is no reason to consider fa(s)tras as a shortened derivative form of fa(s)trasie : the meaning of « fatrasie » (MS. Arsenal 3114) is : « collection of fatras (= 11 aabaabbabab) ». In mediaeval gender, « stuffing » and poiein were deeply bound up together : the task for the poet was to « stuff » with nonsense a very rigid strophic « skeleton ».
Une tradition philologique solidement établie rattache le mot « fatras » au latin farcire : « farcir » par des voies plus ou moins tortueuses (*fartacium, farsura-*farsurare ou *farcuraceum) ; de fatras dériverait « fatrasie ». Le problème est que le second terme est d'attestation plus haute que le premier. En 1980, exploitant la varia lecto d'un Miracle de Gautier de Coinci, un chercheur allemand tenta de démontrer que fa(s)trasie ne serait qu'une variante de fantasie (< phantasia < phantasma : « sorte de cauchemar ». La thèse se nourrit de la seule qui renferme la première occurence du mot fastrasie (Du clerc qui fame espousa et puis la lessa). À l'examen, il ne paraît pas qu'il y ait de parenté sémantique entre fa(s)trasie et fantasie : la «variance» est d'ordre lexical, non phonétique ! Quant à l'idée que fa(s)tras aurait été tiré, par troncation, de fa(s)trasie, elle ne résiste pas non plus à l'analyse typologique : « fatrasie » (ms. Arsenal 3114) est simplement à comprendre au sens de « recueil de fatras (11 aabaabbabab) ». Dans ce genre médiéval, le « farcir » et le poien étaient consubstantiels : le poète se bornait à « farcir » de non-sens une « carcasse » strophique des plus rigides.

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  • HAL Id : hal-02406280 , version 1

Citer

Patrice Uhl. « Fatras » et « fatrasie » : un imbroglio étymologique et typologique. Expressions, 2001, 17, pp.57-80. ⟨hal-02406280⟩
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