, Ce qui traduit ce qui avait été annoncé en tout début d'exposé. Le lecteur, quand bien même il ne serait pas averti par les indices donnés tout au long du texte, est convié à prendre connaissance des faits qui sont autant de témoignages, autant de points de vue, d'anecdotes, qui lui donneront à réfléchir. Le texte, qui est né de cette exigence de dire, traduit le projet d'écriture de l'auteur. Deux récits enchâssés, véritable mise en abyme de l'ensemble du texte, se font écho pour dire ce projet d'écriture : dire l'histoire du point de vue du sujet dans l'Histoire. Lors d'une veillée, le vieux du village va raconter un conte aux villageois réunis pour la circonstance. Il s'agit de l'histoire d'un Dimku, un diable qui, dans l'imaginaire comorien, est un être ignoble et sans scrupules. Dans les pages qui suivent, lors d'une autre veillée, ce même conte est repris mais raconté par Kanamagno-l'Edentée, la folle, du point de vue du Dimku. D'être ignoble, il devient le gentil, une victime de la cruauté des hommes. Ces deux contes investissent le texte et définissent l'engagement de l'auteur. Il revient au Comorien d'écrire son histoire. Le roman témoigne d'une double spoliation, celle d'une indépendance truquée et inachevée et celle de l'Histoire. Un personnage dira s'adressant à la jeunesse : « Jeunesse, Mwana est morte à trente ans, avenue de l'Indépendance, dans un pays inondé d'immondices diplomatiques, vol.36, p.37

. Le-devoir-d'imaginaire-est-bien-ici-un-devoir-de-mémoire, On peut également voir en cette littérature une volonté de dépassement d'une écriture spécifiquement comoro-comorienne de par le sujet qui est traité. Il faut penser aux mots de Sony Labou Tansi, un autre écrivain africain : « J'écris, ou je crie, un peu pour forcer le monde à venir au monde » 38 ou encore : « je suis à la recherche de l'homme, mon frère d'antan » 39 . L'écrivain, tel un Diogène à la recherche de l'homme, ne serait plus qu'un éveilleur de conscience lorsque son écriture nous interpelle, lorsqu'en se soumettant à notre attention, elle dit ce qu'elle veut être, non plus seulement une « écriture engagée », mais également « une écriture engageante » 40 . Le « devoir écrire

L. Sony, . Tansi, ». Avertissement, and L. Honteux, , p.6, 1981.

L. Sony, «. Tansi, and . Avertissement, Les Sept solitudes de Lorsa Lopez, p.12, 1985.

, Sony Labou Tansi écrit : « À ceux qui cherchent un auteur engagé, je propose un homme engageant ». Il fallait entendre par ces mots la volonté qui était la sienne d'être, 1979.