, Or ce qui est vrai de la mère vaut a fortiori pour la fille. Le père raconte comment de curieuses pratiques s'ébauchent autour de · « l'enfantelette », d'une intimité douteuse, vaguement érotique: « Nos bouches se rencontraient souvent sur le corps doux, poli, odoriférant de la petite et des baisers joyeux claquaient sur ses petites fesses, sur ses jambettes, sur ses cuissettes potelées, partout, partout» (PA : 182). Ses parents lui font pan, pan, pépette; lui tapotent le derrière! Sur le cucul! Sur les fé-fessès. Tellement fort qu'il en sort une vesse. L'adorée n'est plus ici qu'une poupée, mais qui sent si bon, PA : 182), dit en conclusion le père, qui semble singulièrement manquer de vocabulaire pour un professeur de français. Mais là ne s'arrêtent pas les coïncidences. Contrairement à Monsieur Muscade qui empestait<< l'aïl »

, PA: 183), est morte dans l'odeur de Dieu -un ange, une sainte, une innocente! « Sainte Adorata », qui relate la vie d'une jeune fille nubile

, Fiancée posthume» dont on « hume » les vesses : l'une s'arrête là où commence l'autre. Et si ces deux titres nous paraissent à présent parfaitement interchangeables, c'est sans doute que tous deux s'inscrivent dans cette même veine:· il en émane un même parfum vicié de vesse

, Certes, il y eut ce « petit pet tendre et discret» que Culculine lâcha à la considérable excitation de Mony. C'est peu de justement, son amoureux s'appelait Muscade, déjà. li n'est pas exclu qu'Apollinaire ait eu en mémoire ce conte de Maupassant, dont il aurait doMé ainsi une version dégradée, le parfum s'étant depuis longtemps corrompu. ch oses, en regard des possibilités ouvertes par le genre, Et je pouvais passer l'après-midi à regarder toutes les filles et les darnes chier, pisser et péter » (OP, III: 993)

C. Décidément, L. P. Assassiné-demeure-le, and . .. Le-comte-pr, un officier « de race polonaise», très amoureux, a dû abandonner son amie, très musicienne, derrière les lignes ennemies; soucieux de lui témoigner son ardeur, il imagine alors de lui donner un concert tout en batteries, tel qu'il n'en fut jamais conçu ; « après avoir mesuré le son des canons de façon à connaître le timbre et la hauteur de la note qui sortait de leur âme, il composa une épouvantable symphonie qu'il fit exécuter à ses batteries ». Non encore satisfait de cette terrible pétarade, il songea à l'agrémenter d _ 'un complément odoriférant: il « fit lancer sur la ville de G. .. des obus à gaz suffocant où, s'étant souvenu des alcancies des Mores de Grenade, il avait fait mêler des parfums très subtils qui embaumèrent la ville assiégée

. Le-comte-pr, On songera encore, dans ce même roman, à l'anecdote de l'obus de Moïse Deléchelle, ramassé sur le front, ramené chez lui frauduleusement, à l'intérieur d'un pain évidé, puis caché dans son armoire à linge, en attendant qu'une occasion se présente de le vendre comme souvenir de guerre: depuis ce jour, il ne dort plus, se réveille en sursaut, « il lui semble avoir entendu je ne sais, quel Apollinaire nous avait pourtant bien averti dans un poè me intitulé« La Victoire, 1917.

A. I. Inaihe-(g.-;-calligrammes, :. Paris, . Gallimard, ;. Poésie, «. Gallimard et al., Hé r ésiarque el C', Paris : LGF « Le Livre de Poche/ Biblio "· -1991, OEuvres en prose complètes, Il, -éd. par Michel Caizergues et Michel Décaudin, OEzwres en prose complètes, Ill, -éd. par Michel Caizergues et Michel Décaudin, 1966.

«. Gallimard and . Poésie-?·-ga1c, Maisonneuve et L1rose, 2' éd. ' G,\l"iSBOll Hc, OEuvres poétiques -précédées des R_1?11es de Pemelte du Guillet, avec un choix de Blasons du Corps féminin, 1969.

. Sai and P. Mon-;-«-cabotin, ou pétomane ? », in Les L1·itlques de noire temps el Apollinaire, -présentation par Claude Tournadre, pp.26-30, 1971.

.. X. Genève, :. Droz, and «. Tlf, n° 471). craquement dans l'armoire et attend d'un instant à l'autre que le malencontreux projectile n'éclate et le tue en faisant sauter toute la maison »(OP, I : 485), p.133, 1996.

L. Victoire, APOLLINAIRE, pp.180-181, 1966.