Le paysage musical de l'île de La Réunion offre au regard venu d'ailleurs une diversité étonnante, compte tenu de sa superficie circonscrite et du nombre d'habitants qui dépasse de peu le demi million. Heureux le département de la métropole de population comparable qui pourrait se vanter d'une telle richesse ! Non seulement trouve-ton dans tous les coins de l'île des formations composées de musiciens amateurs ou semi-professionnels, mais également pratiquent-ils un kaléidoscope de styles musicaux allant de la chorale au rap, en passant obligatoirement par les formes spécifiques à l'île telles que le maloya ou le séga partagé avec les îles avoisinantes. Ce qui est frappant, en outre, c'est que cette prolifération de styles, reflet fidèle de la diversité culturelle et ethnique de la population, ne se traduit ni par un cloisonnement des différents genres musicaux, ni par un renfermement hostile aux apports étrangers. Au contraire, on assiste à l'assimilation des courants de musique internationaux, tels que l'héritage classique, le rock « heavy metal » ou des rythmes dansants comme le reggae, aussi bien qu'aux mélanges savants et insolites tels que le « malogué » ou le « séga jazz». Il suffit pour s'en convaincre de regarder les chroniques musicales des journaux de l'île qui sont non seulement débordantes, mais également multiformes. C'est ainsi que la section « Temps Libre» de l'édition dominicale du plus ancien Journal de l'île de La Réunion comporte plusieurs rubriques mélangées sur trois pages: « Jazz et Soul», « Musiques créoles», « Classique FM», etcl. Il en est de même pour le magazine de télévision hebdomadaire Visu qui étale sur 6 pages des rubriques « Teenagers » 1. Journal de l'lle du dimanche 29 septembre 1996, pp. 15-17.