Résumé : Nous avons voulu récemment nous attacher à la genèse de la "norme linguistique" de ces langues européennes qui se sont déve-loppées le plus souvent dans le cadre d'Etats-Nations, pour se dif-fuser parfois hors des frontières des territoires où elles ont pris nais-sance. Les processus de "normalisation-standardisation" (nous employons provisoirement ce double mot), en ce qui concerne les langues européennes, doivent être envisagés sur le long terme et à l'échelle de l'espace européen au moins occidental (pour ce qui concerne les "marges" orientales, Russie comprise), il est réaliste de les considérer comme périphéries de cet "espace monde" (F. Braudel) ; cet espace ouest-européen est le noyau innovant et le lieu d'où part une dynamique (en ce qui concerne du moins l'écolo-gie linguistique de l'ensemble) qui fera passer l'Europe d'une organisation impériale ou post-impériale romanisée à celle de l'Europe moderne des États-Nations organisée sur les principe des nationa-lités (1920) avec les conséquences géo-et sociolinguistiques qui s'y attachent (cf. Meillet, 1918 et 1928). Une réflexion sur l'aspect à la fois spécifique et embléma-tique des langues nationales d'Europe m'est apparue nécessaire à la suite des expérience vécues ou observées (Baggioni, 1990) ; Baggioni/ Robillard, 1990; Baggioni & al ., 1992) de (tentatives d') aménagement linguistique dans les pays dits "du Sud" (puisqu'il est devenu peu séant de désigner la réalité du sous-développement par son nom). En effet, en Afrique où le phénomène connait son paro-xysme, la reproduction (même si on ne le dit pas) du schéma euro-péen sur des réalités entièrement différentes ne peut que déboucher sur l'échec de toute vélléitê de promotion des "langues nationales". Les positions avancées autrefois par les promoteurs du language