Résumé : Pendant longtemps, les études concernant les Réunionnais d'origine chinoise ont souffert d'un certain nombre de handicaps rendant difficile la connaissance d'un milieu que les stéréotypes qualifiaient de « secret et de fermé » : une vision européanocentriste projetait sur eux des préjugés stigmatisants, même avec la volonté sincère de bien les connaître. D'autre part, le handicap linguistique constituait un obstacle de taille : rares, pour ne pas dire inexistants, étaient les chercheurs qui pratiquaient les langues parlées par les Chinois de La Réunion. Or, comme l'affirme Frantz Fanon : « La langue est la maison de l'âme », et ne pas parler la (ou les langue(s) des gens concernés amène parfois, et même souvent, à n'avoir qu'un regard qui reste quelque peu extérieur et qui en tout cas n'accède pas à la compréhension intime des mécanismes secrets et profonds qui régissent les comportements humains.