, Bien d'autres suivirent, dont l'opéra comique Paul et Virginie ou le triomphe de la vertu d'Alphonse du Congé Dubreuil, musique de Jean-François Lesueur, repré-senté le 13 janvier 1794, puis la pantomime -ballet Paul et Virginie de Pierre Gardel, toujours avec la musique de Kreutzer (1806), qui fut elle-même imitée 43 . Le jeu des contrefaçons et des fausses attributions a encore accentué l'infléchissement des données primitives. Le livret de Favières notamment a été souvent publié dans certaines éditions contrefaites à la suite du texte du roman et sous le nom de Bernardin de Saint-Pierre, de sorte qu'il s'est trouvé beaucoup de gens (et il semble qu'il y en ait encore !) pour croire qu'il en était véritablement l'auteur, de Favières, comédie en trois actes en prose mêlée d'ariettes avec musique de Rodolphe Kreutzer représentée le 15 janvier 1791

. Bernardin, sollicité pour donner son approbation à un projet d'adaptation, s'est indigné par avance dans l'« Avis » précédant l'édition de 1789. Le genre de l'opéra-comique exigeant un dénouement heureux, dans toutes les adaptations Virginie est sauvée du naufrage et s'apprête à épouser Paul, comme le chante le choeur final du Paul et Virginie de Favières : Plus de peines

, Tendres amans, succèdent aux alarmes Et que vos coeurs soient unis par l'amour 44, Que les plaisirs d'un beau jour

, Mérimée, grand amateur de mystifications, s'amuse à présenter dans les salons parisiens son ami mauricien Eloi Mallac comme « le fils de Paul et Virginie ». Le succès de ces versions théâtrales (y compris aux Mascareignes, où elles furent largement diffusées) conduit à une réinterprétation du naufrage du SaintGéran et de ses conséquences. La lecture effective du roman, qu'on peut supposer finalement minoritaire, a été parasitée par le nouveau scénario où le naufrage n'est plus qu'une péripétie précédant un happy end final, ce qui détruit le sens du « conte d'amour et de mort, Ce qui leur permettra bien sûr d'avoir des enfants et de devenir les ancêtres d'une lignée créole, p.43

, Echos de l'océan Indien dans les adaptations musicales et chorégraphiques de Paul et Virginie », in A. Gigan, Ch. Meure et J.-M. Racault (éds.), Bernardin de Saint-Pierre et l'océan Indien, pp.519-534, 2011.

V. Paul, Cette contrefaçon antidatée, l'une des nombreuses qui ont circulé, fait suivre le texte du roman de celui du livret de Favières (lequel n'est pas nommé) sous une nouvelle pagination. Il s'agit de la version de Paul et Virginie diffusée, vol.1789, p.69