Le choix des travaux retenus pour un archivage numérique s’articule en deux grandes parties. La première, intitulée L’Espace sémiotique, s’intéresse aux écritures du corps et soulève la question de la fonction référentielle des énoncés. Du rejet de la doctrine de la représentation, qui est la préoccupation commune de la plupart des mouvements littéraires et artistiques de la modernité, naît une nouvelle conception de la poésie fondée sur l’autoréférentialité, la transmédialité et la performativité des procédés d’écriture et de création. Libéré de la fonction instrumentale, le texte acquiert ainsi une réalité matérielle, qui peut parfois paraître inaccessible – déconnectée – voire hermétique. La deuxième partie s’inscrit dans La perspective linguistique et se rattache à la tradition de l’herméneutique qui pose l’analyse grammaticale d’un texte comme un préalable à la reconnaissance et au renouvellement de son message enfoui. L’objectif est de cerner l’origine et la productivité d’une écriture qui, en dérogeant délibérément aux contraintes de la langue standard, s’applique à explorer les limites de l’intersubjectivité à ne pas franchir. L’identification des procédés verbaux de déconnexion et de reconfiguration des unités de sens se fonde sur la fonction déconstructive des phénomènes d’écarts et d’irrégularités, que l’on qualifie communément de licences poétiques et que je préfère considérer comme des libertés de création et d’expression. Se démarquant par leur négativité, le repérage de ces prises de libertés ne peut se faire qu’au cas par cas, au regard du lieu et du moment de leur apparition, à l’aide des indices déictiques et des effets performatifs qui authentifient leur ancrage textuel, spatio-temporel et subjectif.