Depuis peu, la géographie tente de mieux comprendre le rôle joué par l'image dans la construction de ses discours. L'analyse des empreintes iconographiques du Piton de la Fournaise contribue à cette recherche tout en élargissant le champ des observations aux contributeurs extérieurs à la discipline. La problématique de l'iconographie dans les savoirs géographiques est une interrogation récente, soutenue par le constat souvent formulé que l'image a constamment accompagné le projet géographique tout en gardant un statut ambigu et des pratiques très diversifiées à l'intérieur de la discipline. L'idée que l'image est indispensable à tout discours géographique et que celui-ci ne s'est jamais affranchi de son apport n'a rien de bouleversant. En revanche, l'interrogation sur les mécanismes d'intervention de l'image dans la conceptualisation de l'espace est plus novatrice et, surtout, elle permet de mettre à jour des postures et des formats iconographiques 2 qui orientent en partie nos manières de percevoir l'espace. Volcan actif de la Réunion, le Piton de la Fournaise est un géosymbole très fort pour l'identité de cet espace insulaire. Personnage métaphorique des discours politiques et culturels ou manifestation spectaculaire ralliant tous les amoureux de l'île, le volcan intervient en permanence dans les représentations spatiales forgées et entretenues au sein de la société réunionnaise. On peut donc relier les deux constats pour comprendre et analyser la place que tient l'image dans la construction d'un objet géographique, en mettant à jour la mémoire iconographique du Piton de la Fournaise qui conserve les strates successives de sa figuration.