La liaison en français : dimension structurale et aspects cognitifs de la variation - Université de La Réunion Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2013

La liaison en français : dimension structurale et aspects cognitifs de la variation

Résumé

La question de la liaison figure parmi les grands classiques de la phonologie du français. Le traitement de ce phénomène est le passage obligé pour tout modèle théorique et peut d'autant mieux constituer une pierre d'achoppement qu'il est le lieu privilégié de la variation. En outre, l'adéquation descriptive ne suffit pas : le modèle doit être validé sur le plan cognitif, tout en permettant de rendre compte de la variation. Il doit aussi prédire quels types de liaison sont susceptibles de s'étendre ou de perdre du terrain. La liaison implique divers paramètres : phonologiques segmentaux, prosodiques, mais aussi lexicaux, morphosyntaxiques, et même statistiques. Mon hypothèse est que les deux principaux problèmes d'ordre cognitif posés aux locuteurs par la liaison sont : (i) le manque de congruence entre les frontières morphosyntaxiques et les frontières phonologiques, dans le cadre d'un modèle dynamique de la construction de l'énoncé ; (ii) la complexité de la dépendance contextuelle des consonnes de liaison, par contraste avec les consonnes fixes 1. Ces problèmes d'ordre cognitif ne peuvent que favoriser la variation et le changement. Consonnes finales fixes et consonnes de liaison Il convient en premier lieu de distinguer les consonnes finales fixes et les consonnes de liaison. On appelle fixes les consonnes finales qui font partie de la forme phonémique du mot, quel que soit l'environnement, alors que les consonnes de liaison n'apparaissent que dans le contexte approprié, avant une initiale vocalique et, dans certains cas, semi-vocalique (comme le [w] de oiseau [wazo] 2 , par exemple). Par exemple, la consonne finale [t] est fixe dans sept, [sεt], le [z] est fixe dans seize, [sεz] ; en effet, on a ce [t] ou ce [z] quel que soit le contexte à droite (pause, voyelle, consonne) : sept [sεt] ; sept amis [sεtami] ; sept filles [sεtfij] ; seize [sεz] ; seize amis [sεzami] ; seize filles [sεzfij]. En revanche, les consonnes de liaison [t] et [z] ne sont pas fixes dans petit, petits ; elles n'apparaissent que si le contexte à droite est approprié : petit [poeti] ; petit ami [poetitami] ; petits amis [poetizami] ; petit(s) pont(s) [poetipõ]. 1 Sur cette distinction, voir par exemple Encrevé 1988. 2 J'utilise les symboles de l'API (Alphabet phonétique international). D'une manière générale, je donne des transcriptions phonétiques larges. Le signe #, le point (.) et le signe ∪ symbolisent respectivement la frontière de mot, la frontière de syllabe et l'ambisyllabicité.

Domaines

Linguistique
Fichier principal
Vignette du fichier
Watbled La liaison en français_hal.pdf (256.22 Ko) Télécharger le fichier
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
Loading...

Dates et versions

hal-00905490 , version 1 (11-10-2017)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00905490 , version 1

Citer

Jean-Philippe Watbled. La liaison en français : dimension structurale et aspects cognitifs de la variation. Ledegen G. La variation du français dans les espaces créolophones et francophones, France, Europe et Amérique, L'Harmattan, pp.67--96, 2013. ⟨hal-00905490⟩
135 Consultations
609 Téléchargements

Partager

Gmail Facebook X LinkedIn More